Lip Service : Melisse J. Rose
Pour la petite histoire: voilà un roman que tous les éditeurs américains auxquels son auteure s’est adressée ont d’abord refusé. Melisse J. Rose n’est pas Proust. Loin de là. Mais l’acharnement avec lequel elle s’est démenée pour diffuser Lip Service, par ailleurs un bon roman populaire, force l’admiration.
Pour la petite histoire: voilà un roman que tous les éditeurs américains auxquels son auteure s’est adressé ont d’abord refusé. Melisse J. Rose n’est pas Proust. Loin de là. Mais l’acharnement avec lequel elle s’est démenée pour diffuser Lip Service, par ailleurs un bon roman populaire, force l’admiration. Pour avoir travaillé au département de marketing des Éditions Harlequin, Melisse Shapiro, de son vrai nom, devait bien savoir que l’histoire de son héroïne, une femme qui choisit l’épanouissement après avoir longtemps mariné dans la névrose, trouverait un large public. Elle a donc créé son propre site Web, où elle a publié son roman, que se sont arraché les internautes. Flairant la bonne affaire, les éditeurs traditionnels se sont alors empressés de faire amende honorable, tellement que le roman de madame Shapiro a fait l’objet d’une surenchère, remportée en fin de compte par Simon and Schuster.
Pour ce qui est de l’autre histoire, maintenant. Eh bien elle est rondement menée, assez bien écrite, et pas mal sexy, merci.
Lip Service met en scène Julia Sterling, une femme de la haute société new-yorkaise qui s’est toujours plu, par dépit davantage que par goût, à laisser son mari, un psychiatre, la dominer. Lorsqu’un collègue de son mari l’approche pour lui demander d’écrire un livre sur les bienfaits du téléphone rose chez les patients ayant des troubles sexuels, Julia flaire l’occasion de faire d’une pierre deux coups: conquérir une certaine autonomie, et peut-être réveiller sa sexualité trop longtemps assommée par les antidépresseurs et le manque d’imagination de son mari. Et ça marche! Mais non sans un tas de péripéties qui, c’est le moins qu’on puisse dire, gardent le lecteur en haleine. Car s’il y a bon nombre de clichés dans ce roman, force est d’admettre que Melisse J. Rose a bien pimenté l’histoire de son héroïne. Julia Sterling se révèle bientôt tout en chair, bien qu’elle conserve intacts son honneur et sa charité chrétienne. Alors on pardonne à l’auteure la caricature de la bourgeoise malheureuse ayant toujours vécu dans l’ombre d’un mari psychiatre qui n’a pas deux onces de bon sens. Et on se laisse entraîner dans les gentils, et moins gentils, fantasmes de Lip Service. À lire les pieds dans le sable chaud. Très chaud.
Éd. Ramsay, 2001, 325 p.