L’Inconvénient: Peut-on encore rire?Marie-Claire Blais à Paysages littérairesJacques Poulin, récipiendaire du prix Molson du Conseil des Arts du Canada

L’Inconvénient: Peut-on encore rire?

Si l’humour qu’on nous sert à toutes les sauces vous fatigue ou vous déçoit à jamais de la nature humaine, la lecture de ce cinquième numéro vous fera du bien. Intitulée Peut-on encore rire?, cette édition de L’Inconvénient présente des textes très variés et aux tons différents (ce qui en fait l’intérêt); évoquant le roman de Victor Hugo L’homme qui rit, Isabelle Daunais dénonce le manque de subversion dans l’humour actuel. Comme elle l’écrit, "ce rire promu au rang de "produit culturel" n’opère que de la façon la plus prudente et la plus balisée". Dans Le Grand Humour, François Ricard relève à quel point le lecteur (et l’auditeur, ou le spectateur) s’ennuie devant l’humour simplificateur et télévisuel, dans lequel, il faut bien l’admettre, il ne reste plus beaucoup d’esprit. Maxime Prévost, dans Éloge de la mauvaise humeur, dénonce la dictature du bonheur, ou plutôt de la joie béate, imposée à nous tous comme le symbole de notre épanouissement. Quant à Jean Dion, il relate un témoignage personnel dans Mourire, et Jean Pierre Lorange, sur un mode académique, propose une analyse philosophique du rire (Le Rire de Zarathoustra). Plus loin, Nadine Bismuth évoque (en s’appuyant sur des textes de Gabrielle Roy, Virginia Woolf et Woody Allen, entre autres) La Vie sexuelle de l’écrivain, dans un court essai plein de finesse. Au bout du compte, la jeune auteure pose une question essentielle: La création est-elle conciliable avec la procréation (ou la sexualité)? Ce numéro offre également des textes de poésie, de fiction (de Stéfani Meunier, Annie Pronovost et Mauricio Segura), et la dernière section, intitulée Fatalités, bogues, pépins et autres inconvénients, complète le tout par des remarques hilarantes sur le milieu littéraire et culturel qui prouvent que, oui, on peut encore rire! Un numéro à découvrir, si ce n’est déjà fait.

Marie-Claire Blais à Paysages littéraires
Marie-Claire Blais, qui vient tout juste de publier Dans la foudre et la lumière (éd. du Boréal), sera l’invitée de Stéphane Lépine à l’émission radiophonique du mardi soir. Même si le ton de l’animateur (qui est aussi réalisateur) est, avouons-le, un peu monocorde, voilà l’un des trop rares endroits où l’on peut encore entendre des entrevues de fond fouillées, documentées, avec des écrivains. Profitons-en! Le mardi 19 juin, à 21 h 30, sur la Chaîne culturelle de Radio-Canada.

Jacques Poulin, récipiendaire du prix Molson du Conseil des Arts du Canada
L’auteur de Chat sauvage, exilé à Paris depuis de nombreuses années, vient de recevoir un prix prestigieux, le prix Molson, assorti d’une bourse de 50 000 $. Ce prix est accordé à deux personnalités chaque année: l’une provenant du milieu artistique, l’autre, des sciences humaines. C’est Ian Hacking, philosophe, qui remporte la palme dans cette dernière catégorie. Le prix du Conseil des Arts est remis depuis 1964.