La Désincarnation : Jean Rouaud
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La Désincarnation : Jean Rouaud

Jean Rouaud restera sans doute toujours perçu comme le marchand de journaux à qui l’honneur est revenu d’être "goncourisé" à 38 ans avec son premier roman, Les Champs d’honneur (1990). Maîtrise en lettres à 22 ans, journaliste à 26 ans à la une d’un journal nantais, l’homme, l’oublierait-on, trempait tout de même depuis un certain temps dans la littérature.

Jean Rouaud

restera sans doute toujours perçu comme le marchand de journaux à qui l’honneur est revenu d’être "goncourisé" à 38 ans avec son premier roman, Les Champs d’honneur (1990). Maîtrise en lettres à 22 ans, journaliste à 26 ans à la une d’un journal nantais, l’homme, l’oublierait-on, trempait tout de même depuis un certain temps dans la littérature. Un vendeur de canards qui avait la plume plutôt bien aiguisée. Les pendules sont en tout cas remises à l’heure à la lecture du dernier titre signé de son nom, La Désincarnation: recueil de chroniques hebdomadaires parues 16 mois durant dans le journal l’Humanité.

Rouaud se laisse aller là à ce qu’il appelle une "pensée marabout, bout de ficelle", sorte de travail à la chaîne qui, contrairement à l’émission de télé de chez nous qui portait ce nom, est résolument intellectuel. Fantaisiste, un peu moqueur, dans une phrase qui s’allonge et semble parfois s’égarer mais revient toujours à son sujet principal, Rouaud parle des écrivains et des textes fondateurs de l’art d’écrire. Molière, la Bible, Stendhal, mais surtout Flaubert, dont Rouaud raconte avec une sensibilité toute familière les démêlés créatifs. Une initiation à l’écriture de Jean Rouaud, essayiste, qui montre combien l’auteur a plusieurs cordes solides à son arc. On attend dès lors avec impatience son premier livre pour la jeunesse, chez Albin Michel, La Belle au lézard dans un cadre doré. Ce sera tout un cadeau.

Éd. Gallimard, 2001, 136 p.