Magazine Lire: Les Années Pivot
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Magazine Lire: Les Années Pivot

Rarement a-t-on vu personnalité médiatique faire autant l’unanimité. Alors que la fin approche pour les fans (la dernière de Bouillon de culture aura lieu le 29 juin) de l’animateur Bernard Pivot, le magazine mensuel Lire publie un dossier de 30 pages sur Les Années Pivot. Une douzaine d’articles fort intéressants retracent la vie du "Roi lire", et évoquent sa carrière, ses grands moments. Ainsi, Pascal Ory, un spécialiste de l’histoire des intellectuels en France, signe Trente Ans de petit écran, et commente la place de la littérature à la télé. Plusieurs l’ont dit: peu de pays peuvent se vanter de consacrer autant d’heures à la littérature. Question: cela durera-t-il?

De plus, on nous présente également un article sur La Femme de l’ombre, Anne-Marie Bourgnon, pilier de l’émission depuis 1970; ou encore, un texte assez rigolo sur Les Habits de lumière du Roi lire, dans lequel on disserte sur "la cravate, instrument de la dialectique pivotienne", entre autres! Beaucoup de très bonnes photos illustrent ce dossier, témoignant des moments forts de la carrière de Pivot: sa rencontre avec Albert Cohen, Jane Fonda (on aime l’éclectisme du célèbre animateur). On aborde également "l’effet Pivot" dans un texte où les libraires commentent les répercussions des émissions sur les ventes de livres. À ce propos, Des best-sellers tout à fait illisibles raconte comment le grand public se précipite sur des ouvrages hyper-pointus, parce qu’ils ont adoré l’auteur. "La liste est longue des spécialistes réputés dans des cercles restreints qui furent brusquement propulsés par l’effet Pivot au firmament des succès de librairie." En effet, comment résister à la faconde ironique de Claude Hagège, ou à la chaleur de Dumézil? Seulement, comme l’écrit le journaliste, la linguistique n’est pas à la portée de tous (et les livres s’empoussièrent sur les rayons de nos bibliothèques!). Pivot répondait à cela que les lecteurs achetaient quand même les livres de ces spécialistes, leur démontrant ainsi "leur bonheur de savoir qu’il existe en France des types incroyables qui maîtrisent cinquante langues – mais qui peuvent aussi, un vendredi soir, s’exprimer avec des mots de tous les jours". Lire, juin 2001.