Andrée Laurier : Le Jardin d'attente
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Andrée Laurier : Le Jardin d’attente

Troisième volet d’un cycle romanesque, Le Jardin d’attente clôt l’ambitieux projet d’Andrée Laurier, qui comprend également L’Ajourée (1998) et Mer intérieure (1999). Cette fois, l’auteure nous raconte les derniers jours d’Hélène Roberts, cette femme qui, 13 ans plus tôt, a miraculeusement survécu à un accident de la route, non sans y laisser une partie d’elle-même, dont sa  mémoire.

Troisième volet d’un cycle romanesque, Le Jardin d’attente clôt l’ambitieux projet d’Andrée Laurier, qui comprend également L’Ajourée (1998) et Mer intérieure (1999). Cette fois, l’auteure nous raconte les derniers jours d’Hélène Roberts, cette femme qui, 13 ans plus tôt, a miraculeusement survécu à un accident de la route, non sans y laisser une partie d’elle-même, dont sa mémoire.

Sentant la mort toute proche, Hélène Roberts souhaite faire ses derniers pas sur les chemins du voyage. En compagnie de Davida, dite la "géante", elle part vers l’Orient, du côté du Levant. Dans les rues de Dubrovnik, puis d’Istanbul et Bodrum, la survivante erre et observe, décodant lentement les messages que la vie lui transmet, cherchant à bâtir un pont harmonieux entre son passé meurtri et le dernier des passages, qu’elle aperçoit déjà.

Sur ce parcours singulier, la romancière ne trace jamais clairement la ligne entre le rêve et la réalité, des figures oniriques envahissant continuellement le champ du réel. Ici, tout est montré dans un clair-obscur étrange, qui fait la voix unique d’Andrée Laurier, une voix mêlée de poésie et de mysticisme, qui dit avec une profonde sensibilité les interrogations d’une femme à qui la médecine a donné une improbable deuxième vie. Elle qui n’en demandait pas tant. Voilà le malheur. On l’a refaite polymorphe, confuse, dans une identité impossible, et un corps à jamais débile mais incassable. Drôle d’objet.

Tour à tour, paraissent les êtres significatifs d’une existence en sursis. Entre autres Claudia, la fille de cette femme tuée dans l’accident, alors qu’Hélène conduisait l’autre voiture, et avec laquelle des liens très forts ont été tissés depuis. On verra aussi Bruno, le mari de Claudia, puis Hugues… Ces quelques amis viendront cheminer avec Hélène, jusqu’en ce lieu nordique où elle a choisi de s’allonger pour le dernier repos, entre deux arbres. D’ici là, elle va chercher à dissiper les brumes qui planent sur sa conscience. " Elle voulait tout ouvrir. En finir en vivant. Glisser avec le temps en espérant se retrouver tôt ou tard. Ou alors apprendre à se perdre mieux. Sans mal pour soi ou les autres. Vivre. Mourir était vivre. Vivre était mourir. Vivre était plus lentement mourir."

Le Jardin d’attente se lit comme de la poésie, avec patience et lenteur. Si, au fil des pages, on entrevoit parfois la périlleuse frontière de la complaisance stylistique, il faut plutôt parler, dans le cas d’Andrée Laurier, d’une écriture en dentelle, certes complexe, mais fruit d’une maîtrise littéraire devant laquelle on s’incline, chapeau bas. Éd. XYZ , 2001, 224 p.

Le Jardin d'attente
Le Jardin d’attente
Andrée Laurier