Le Banc : Marie Clark
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Le Banc : Marie Clark

Inspirée du mythe d’Orphée et Eurydice, Marie Clark publie un premier roman: Le Banc.

Au cours des siècles, l’éternel mythe d’Orphée et Eurydice a connu moult incarnations, tant cette légende du poète à la voix d’or qui descend aux enfers pour récupérer sa belle semble inspirer les artistes. Alors, pourquoi pas une version contemporaine avec un Orphée allemand et fuyant, ainsi qu’une Euridice (l’y en moins) québécoise?

Première oeuvre de Marie Clark, Le Banc conserve du mythe le pouvoir de la musique, Orphée prenant les traits d’un guitariste de Cologne qui a envoûté son Euridice par ses compositions. Cette amoureuse transie se prénomme en réalité Marie – comme l’auteure, corédactrice en chef de Guide ressources. Rentrée chez elle après son aventure européenne, cette mère de trois grands enfants se plonge dans les mots pour se libérer des liens qui la nouent toujours à cet homme, se sortir de cet "enfer" où vous condamne une peine d’amour.

Ici, l’amour n’est pas rendu impossible par un regard enflammé de trop. Au contraire. Lui, personnage masculin moderne, s’est dérobé à cette étreinte, un peu fuyant, un peu lâche, qu’on découvre finalement habité par le désir d’une autre. Homme qu’il ne faut pas presser, au risque de le perdre irrémédiablement…

Entre les deux ex-amants, il y a le souvenir d’un banc à Cologne, lieu-métaphore du roman, où s’est scellée la promesse d’une nouvelle vie pour la femme, qui y a décidé qu’elle se consacrerait désormais à l’écriture. Ce qu’elle tente de faire entre deux cours à des élèves dyslexiques, quand elle arrive à faire taire son "juge" castrateur et à maîtriser l’impétueux geyser qui bout en elle. C’est entre ces deux extrêmes seulement que l’écriture peut advenir.

D’un autre banc, face à son appartement à elle, surgit au début de ce récit – qui conserve une touche énigmatique – une mystérieuse femme qui découvre sur un ordinateur laissé ouvert les lettres d’Euridice à son Allemand, et qui se substitue à elle pour donner une réplique à ces courriels restés sans réponse.

Ce qui explique peut-être pourquoi les interventions d’Orphée ne semblent pas apporter grand-chose à la voix de son ex-amante, qu’elles dédoublent, du moins au début, rendant l’ensemble un peu répétitif. En général, ce personnage paraît moins fouillé qu’Euridice.

D’une plume plutôt solide, Marie Clark mène néanmoins sans heurt son histoire jusqu’à sa conclusion. Mais admettons qu’avec ce premier roman, l’auteure laboure un champ mille fois défriché (l’amour, le rapport à l’écriture) avec justesse, mais sans y apporter vraiment une touche originale.

Éd. Les Intouchables, 2001, 129 p.

Le Banc
Le Banc
Frédéric Lapierre, Marie Clark