Les Gars : Moebius
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Les Gars : Moebius

Les gars. Vaste thème que celui du plus récent numéro de la revue Moebius. Déclaration d’amour ou de guerre, fantasme, règlement de compte: bien des avenues s’ouvraient aux collaborateurs.

Moebius 89 – Les Gars

Les gars. Vaste thème que celui du plus récent numéro de la revue Moebius. Déclaration d’amour ou de guerre, fantasme, règlement de compte: bien des avenues s’ouvraient aux collaborateurs. Il va sans dire que les 28 ayant participé à ce numéro (parmi lesquels, fait amusant, on compte davantage d’hommes que de femmes) ont abordé le sujet sous 28 angles différents.

Pour Marguerite Andersen, ce fut l’occasion d’exprimer la difficulté des hommes à redéfinir leur rôle, au lendemain de la mouvance féministe (Tel père, tel fils?). Annie Molin Vasseur va dans le même sens et met en scène une narratrice qui, dans un rêve troublant, rencontre un homme désemparé de ne plus avoir pour repères "les certitudes du passé" (Être ou ne pas être dans de beaux draps!).

Toujours dans le genre de la nouvelle, Éric Simard fait le portrait d’un trentenaire prospère à qui tout sourit, mais "dont la vie affective n’est rien d’autre qu’un échec perpétuel" (C’est avant tout un homme). Les modestes attributs dont la nature l’a doté seraient-ils en cause? Corinne Larochelle, dans Deuxième Soir, évoque une douce nuit passée près du fleuve, aux côtés d’un homme qui, lui, a dans son pantalon de quoi satisfaire tous ses désirs…

Marc Vaillancourt, avec la verve frétillante qu’on lui connaît, nous entraîne avec Éloge de la fricatelle dans un savoureux délire ayant pour objet les révélatrices nuances des appétits charnels féminin et masculin.

La thématique a également inspiré quelques vers, dont ceux, à la fois sensuels et tourmentés, de Jean-Paul Daoust (No angel’s land) et ceux, d’un réalisme cru, d’Yvan Bienvenue (Tancrède et Rosaline). Soulignons aussi le texte très réussi de Martin Manseau (Ma motocyclette jaune), qui fait référence à sa nouvelle La Bicyclette jaune et exprime, dans un mélange d’humour et de colère, la douleur de voir son ex dans les bras et les draps d’un ami. Les salauds plairaient-ils davantage aux femmes?

Comme de coutume, le numéro se termine par la section Yeux fertiles, qui propose de brefs essais portant sur quelques livres québécois publiés récemment. Bertrand Laverdure y étudie Caillou calcul, cet éloquent recueil de Dominique Robert, et Raymond Bertin s’y penche sur le Hacker de Mario Cyr.

Particulièrement hétérogène, Les Gars n’en est pas moins l’une des très bonnes cuvées de la revue.

Moebius 89 – Les Gars, 2001, 156 p.