Gilles Laporte / Bruno Laporte : Rupert K
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Gilles Laporte / Bruno Laporte : Rupert K

Rupert K . est l’anti-Petit Prince par excellence. Sur sa minuscule planète, la rose est remplacée par un plan de marijuana, le renard est un dépendant affectif et les toilettes sont toujours bouchées. Caustique, sarcastique et politiquement incorrecte, Rupert K., est aussi l’une des rares séries de bandes dessinées québécoises qui semblent promises à un avenir.

Rupert K-3

Rupert K. est l’anti-Petit Prince par excellence. Sur sa minuscule planète, la rose est remplacée par un plan de marijuana, le renard est un dépendant affectif et les toilettes sont toujours bouchées. Caustique, sarcastique et politiquement incorrecte, Rupert K., dont le troisième volume vient de paraître, est aussi l’une des rares séries de bandes dessinées québécoises qui semblent promises à un avenir.

Pour ce faire, les auteurs, Bruno et Gilles Laporte, ont délibérément choisi de ne pas respecter les règles implicites des séries. Le premier tome donnait le ton: Rupert, alors petit garçon de huit ans, semblait l’antithèse de Boule, le héros de Roba, qui au fil d’une trentaine d’albums ne changeait pas d’un poil et dont le milieu familial restait stable. Au contraire, par la suite, Rupert vieillit, ses parents divorcent et, plutôt que de montrer les supposés bons sentiments propres à l’enfance, les frères Laporte préféraient se délecter de la face négative de celle-ci, avec son égoïsme et sa cruauté caractéristiques, poussés jusqu’à la caricature. À la place du fidèle chien Bill, ami de Boule, Rupert avait par exemple un chat, le bien nommé Cobaye, qui devait se prêter aux expériences sadiques de son maître et qui ne devait pas survivre au deuxième album.

Rupert a maintenant 13 ans et fréquente l’école secondaire où, avec son costard et ses cheveux gominés, il fait partie du clan des rejets, formé de pré-ados aux cheveux gras, de boutonneux, voire d’un pathétique cul-de-jatte… Époque pénible où il est encore attiré par les gameboys et où sa libido naissante est frustrée par l’indifférence de la jolie Cybèle Thétrault. Comme l’écrivent les auteurs: "Rupert K-3 est un thriller sociologique mettant en scène l’adolescence, période critique parsemée de gloires minuscules mais, surtout, d’épreuves cruelles et marquantes."

Avec le graphisme de plus en plus soigné de Bruno Laporte, les auteurs se plaisent de façon évidente à multiplier les univers: au monde "réel" se substituent les oniriques Aventures de Kapt’n K. ainsi qu’une parodie du roman de Saint-Exupéry et de ses célèbres illustrations. La place dominante accordée aux historiettes d’une ou plusieurs planches nous fait toutefois regretter les "strips", devenus plus rares, dans lesquels se manifeste le mieux l’esprit corrosif de Gilles Laporte (voir le génial Rupert à son cours de morale). Résultat: on rit et on sourit moins à la lecture de ce dernier album qui est pourtant le plus beau des trois. Éd. Mille-Îles, coll. "Coup de Griffe", 2001, 48 p.

Rupert K
Rupert K
Gilles Laporte / Bruno Laporte