Le Vrai Secret du bonheur : Denise Roig
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Le Vrai Secret du bonheur : Denise Roig

Rédactrice de magazines d’entreprises, ancienne chroniqueuse à The Gazette, critique littéraire pour CBC, Roig a publié en 1995 ce premier recueil de nouvelles, bien traduit par Hélène Rioux.

En 1989, Denise Roig a quitté sa riante Californie pour nos terres au climat plus imprévisible. Tout ça pour accéder au désir d’une fille entichée du Cirque du Soleil, et qui rêvait de s’inscrire à l’École de cirque. L’histoire ne dit pas si la multinationale québécoise y a finalement gagné une nouvelle artiste; mais la littérature montréalaise s’y est en tout cas enrichie d’une nouvelliste de qualité. Rédactrice de magazines d’entreprises, ancienne chroniqueuse à The Gazette, critique littéraire pour CBC, Roig a publié en 1995 ce premier recueil de nouvelles, bien traduit par Hélène Rioux.

Quelques-unes des histoires jouent d’ailleurs sur le décalage culturel, comme l’amusante Les Progrès de Paula, sur les efforts que déploie la fiancée anglophone d’un étudiant québécois en linguistique pour parler la langue de Molière – langue qu’elle aborde "avec un sérieux qui frise la terreur".

Mais en général, Denise Roig met en scène le combat quotidien d’êtres qui essaient de survivre, sans tambour ni trompette, aux tragédies qui sont le lot des vies qu’on prétend "ordinaires". Survivre à la perte d’un homme, d’un enfant.

Dans la belle Une nuit tranquille, une parfaite fin, un couple laisse couler pour la première fois, dans une banalité paisible, la date anniversaire du "jour le plus triste de (leur) vie". Après avoir laissé son grand garçon à l’aéroport, une mère rend visite à un ancien amant, réveillant le souvenir du jour où elle a failli perdre ce fils bien-aimé. Un couple déménage à la campagne pour le bonheur de leur bambin, que ronge une maladie incurable. L’humour se mêle au drame dans Promener le chien, où une néo-Montréalaise, récemment désertée par son mari et son fils, est envahie par un couple d’amis, d’extravagants Californiens et leur chien chouchouté.

L’ironie est encore plus manifeste dans la nouvelle Ce que l’épouse dit à la maîtresse, où deux femmes se disputent la propriété de leur homme, rendu impotent par une attaque. Malgré une fin bien cruelle, ce récit sonne plus caricatural que le reste.

Car en dépit de quelques inégalités, ce sont là des histoires crédibles, justes, très bien observées. À noter: le soin apporté aux amorces de plusieurs – "Mon père aimait trois choses dans la vie: écouter Louis Armstrong, arroser la pelouse et brûler les ordures": ainsi s’ouvre la bonne nouvelle éponyme.

En gros, un recueil attachant, qui fait preuve de solides qualités d’artisan.

Éd. de la pleine lune, 2000, 188 p.

Le Vrai Secret du bonheur
Le Vrai Secret du bonheur
Denise Roig