Projet Danaïde : Les Aventures hallucinantes de Gusse Oualzerre II
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Projet Danaïde : Les Aventures hallucinantes de Gusse Oualzerre II

Il fallait s’y attendre, le titre de son premier roman l’annonçait, Gusse Oualzerre, "l’oeil privé", allait nous revenir un jour ou l’autre. Daniel Da, créateur de ce détective atypique, nous avait démontré hors de tout doute qu’il avait le verbe facile et abondant.

Il fallait s’y attendre, le titre de son premier roman l’annonçait, Gusse Oualzerre, "l’oeil privé", allait nous revenir un jour ou l’autre. Daniel Da, créateur de ce détective atypique, nous avait démontré hors de tout doute qu’il avait le verbe facile et abondant. Il ne lui aura fallu qu’une petite année avant de mettre le point final au tome deux des Aventures hallucinantes de Gusse Oualzerre: 269 pages compressées pour raconter une aventure ahurissante, impossible à résumer, dans un style tout aussi impossible à décrire – disons seulement qu’il évoque à la fois Boris Vian (cité en exergue), Achile Talon, les poètes du Parnasse et Plume Latreverse (pas l’auteur de chansons, l’autre, celui qui verse dans le polar halluciné).

Cette fois, Daniel Da a choisi, pour la suite de son premier roman, de reléguer son personnage éponyme au second plan. Oualzerre est en décennie sabatique. Il planche sur un roman qu’il doit écrire, prend des notes sur les minuscules carnets que sa dulcinée lui fournit en grande quantité, et c’est de loin en loin que nous suivrons ses progrès. Nous nous concentrerons plutôt sur les mésaventures d’une cloche et d’un idiot: deux policiers qui sont aussi beaux-frères, Ross Hainré et Julius de Le Pen, lesquels enquêtent sur la disparition d’un livreur de pizza qui a eu le malheur d’avoir pour derniers clients les Wok Machine, un gang de motards chinois… À travers les innombrables étapes de cette enquête qui n’en est pas vraiment une, l’auteur multiplie les digressions, s’amusant, par la bouche de son Gusse (devenu romancier, ne l’oublions pas), à railler auteurs et éditeurs, surtout les tenants de la limpidité, de la simplicité, de l’économie de moyens (comme Pierre Tisseyre, dont il cite des extraits de L’Art d’écrire). Et cassant joyeusement du sucre sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à un journaliste (tous des charognards, sans exception).

On l’aura compris, Daniel Da est à prendre ou à laisser, en bloc. Avec son arrogance, son humour malin, ses constructions cacophoniques, ses personnages burlesques, son style incroyablement verbeux. On aimera ou pas, mais comme le dit si bien un de ces grands clichés que l’auteur semble exécrer: ça ne laissera personne indifférent.

Éd. L’Effet pourpre, 2001, 269 p.