Les Olives noires : Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits?
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Les Olives noires : Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits?

Emmanuel Guibert et Joann Sfar comptent parmi les bédéistes les plus talentueux de leur génération. Ils signent Les Olives noires, une série qui se déroule à Jérusalem, au temps des Gaulois…

"Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits?" C’est la question posée lors de la prière rituelle de la nuit de la Pessach. Autour du feu, dans le camp zélote où il a trouvé refuge, le petit Gamaliel la prononcera avant de réciter les quatre réponses consacrées que son père, sans doute mort, a eu le temps de lui apprendre avant d’être arrêté par les Romains. Pendant ce temps, allongés sous une tente voisine, deux légionnaires dissidents se remettent le plus dignement possible de leur circoncision, prix douloureux et inattendu de l’hospitalité que leur offrent les Hébreux.

Avec leurs histoires totalement hors du commun et leur style graphique d’une grande beauté, Emmanuel Guibert et Joann Sfar comptent parmi les bédéistes les plus talentueux de leur génération. Le premier est le créateur de la série Professeur Bell (chez Delcourt), et le second, de La Guerre d’Alan (à L’Association): oeuvres captivantes dont nous avons parlé dans ces pages. Collaborant occasionnellement, Guibert et Sfar cosignaient, en 1997, La Fille du professeur (chez Dupuis), livre considéré comme un chef-d’oeuvre de la bande dessinée contemporaine.

Le premier tome de leur nouvelle collaboration, une série intitulée Les Olives noires, nous montre le petit Gamaliel qui se rend au temple de Jérusalem avec son père, Yaacov, pour honorer la mémoire de sa mère décédée. À la suite d’une bagarre avec un prêtre qui veut leur faire payer le sacrifice de leur bouc, père et fils doivent fuir les autorités romaines, qui voient en Yaacov un agitateur religieux. Durant cette fuite (où Yaacov sera capturé), ils sont accompagnés par deux légionnaires ainsi que par une marchande juive, la jolie Tsiporah, qui réussit à les faire sortir de la ville et à les conduire jusqu’à un campement où vit sa famille. La petite troupe devra alors faire face à la rigueur religieuse de certains membres du clan.

Si le graphisme de Guibert est moins spectaculaire que dans ses oeuvres antérieures, il parvient joliment à rendre la lumière d’Orient, tant solaire que lunaire. L’originalité première du scénario demeure la composition du quatuor de héros, formé par le petit garçon; par Tsiporah, femme libérée malgré les lois et les critiques qu’elle endure de la part de son peuple; et par les deux jeunes légionnaires, qui sont en fait deux mercenaires gaulois, déserteurs à la fois lâches et héroïques, et dont les difficultés linguistiques sont source de scènes amusantes. Un livre touchant dont on attend la suite.

Éd. Dupuis, coll. "Repérages"2001, 48 p.

Les Olives noires
Les Olives noires
Emmanuel Guibert / Joann Sfar