Mythes et réalités dans l’histoire du Québec : Marcel Trudel

Avec 35 titres à son actif, Marcel Trudel est une des principales figures de l’historiographie québécoise moderne.

Mythes et réalités dans l’histoire du Québec rassemble 15 études dans lesquelles Trudel interroge certaines certitudes historiques. Jean Talon aurait été le plus grand intendant de la Nouvelle-France? Pas si sûr, sauf que le bonhomme savait faire mousser sa propre réputation. Madeleine de Verchères aurait été une fameuse pourfendeuse de "sauvages"? Mais les récits qu’elle a elle-même faits de ses actes héroïques se contredisent.

Deux articles, intitulés En route pour la Nouvelle-France et L’immigrant s’installe à demeure, racontent les conditions dans lesquelles se faisaient les traversées de l’Atlantique au milieu du XVIIe siècle; et le genre de vie que menaient les colons aux lendemains de leur débarquement. Un texte explique comment des gens dont le patronyme était Untel, dit Machin, se sont anoblis en douce en se mettant à signer Untel de Machin! Un autre nous fait découvrir qu’un siècle avant que les maudits Anglais ne déportent les Acadiens, le courageux Frontenac projetait de faire de même avec la population de New York.

L’étude la plus percutante est celle dans laquelle Trudel démontre que "La Conquête de 1760 a eu aussi ses avantages." Trudel y établi la liste des droits dont les habitants vaincus ne jouissaient pas du temps de la Nouvelle-France, et qu’ils ont acquis en passant sous l’administration britannique: entre autres, le droit d’adresser des pétitions à leurs gouvernants, d’être présumés innocents jusqu’à preuve du contraire, et d’imprimer des journaux. De quoi en boucher un coin à ceux et celles dont le patriotisme se nourrit d’une nostalgie des heureux temps de la Nouvelle-France; et pour qui l’indépendance devrait mettre un terme à deux siècles et demi d’incessante et écrasante oppression britannique!

Avec Mythes et réalités dans l’histoire du Québec, Marcel Trudel contribue, ainsi qu’il le fait depuis presque 60 ans, à sortir notre passé des ornières clérico-nationaleuses. Pour certains, cela suffit à faire de lui un suppôt du "fédérâlisme"; pour d’autres, cela fait de Marcel Trudel un historien honnête.

Éd. Hurtubise HMH, Cahiers du Québec, coll. Histoire, 2001, 325 p.