Rentrée livres automne 2001 : Feuilles d'automne
Livres

Rentrée livres automne 2001 : Feuilles d’automne

Parmi la production automnale 2001, voici quelques-uns des livres que nous surveillerons ici comme ailleurs. Pleins feux sur une saison passionnante.

Focus
Louis Hamelin: Le Joueur de flûte (novembre, Boréal)

En novembre, Louis Hamelin publiera son sixième roman: Le Joueur de flûte (éd. du Boréal). Ce livre compte parmi les plus attendus cet automne. Parce qu’on aime l’univers d’Hamelin, profondément enraciné dans notre nature, dans notre territoire. Parce que l’on aime aussi l’ambition du romancier québécois, l’ampleur de ses projets littéraires. Ce nouveau roman a pour toile de fond l’Ouest canadien. Le livre met en présence la littérature, au moyen de son héros à la recherche de son mentor. L’histoire fait également la part aux questions sociales, par le biais d’un conflit entre une compagnie forestière et un groupe d’écologistes. On reconnaît là les thèmes préférés de l’écrivain. (Novembre, éd. du Boréal)

Romans québécois
Beaucoup d’hommes publieront cet automne, parmi lesquels Guillaume Vigneault, qui donnera son second roman: Les Trahisons nécessaires. Carnets de naufrage, premier ouvrage de fiction publié il y a deux ans, promettait par une écriture élégante, personnelle. Nous verrons donc la suite, en octobre (Boréal). Autre roman attendu, L’Intime, de Guy Demers, qui remporta, il y a deux ans, le prix des Lectrices Elle Québec 2000, avec Sabines. Délaissant le côté plus fantastique de ce dernier roman, Demers explore avec ce nouveau livre l’univers de l’intimité physique et affective (XYZ, mi-novembre). Il y aura également au programme de la rentrée automnale un événement autour de Gilbert Dupuis. Ce dernier publiera La Chambre morte (le 24 sept., éd. Vlb), dernier volet d’une trilogie amorcée avec L’Étoile noire (1996) et Les Cendres de Correlieu (1998). On décrit La Chambre morte comme un "thriller culturel", dans lequel le thème de l’automatisme, mouvement culturel important au Québec notamment, et, plus généralement, l’histoire de la société québécoise auront la vedette. Au cours du mois de septembre, pendant les Journées de la culture (les 28, 29 et 30) se déroulera une performance littéraire livrée par Dupuis, mais également par une quarantaine de personnalités du théâtre et de la littérature. Nous en reparlerons dans nos pages le temps venu.

À propos d’histoire québécoise, Victor-Lévy Beaulieu publiera Les Mots des autres (novembre, Vlb), mémoires dans lesquels l’écrivain et éditeur livrera sa vision de l’histoire de la littérature et de la vie culturelle d’ici.

Et puis, l’on aura la suite de l’Écrivain public, La Désertion, de Pierre Yergeau, (L’instant même, 25 sept.). Autre auteur installé à Québec, Laurent Laplante fera paraître un premier roman, un polar: Des clés en trop, des doigts en moins (L’instant même, début oct.), et un recueil de chroniques, publiées sur le Web, Dixit Laurent Laplante (Écrits des Hautes-Terres, oct.). Chez Lanctôt, un nouveau roman de Jean Charlebois, Près des yeux, près du coeur, qui sort ces jours-ci.

Yolande Villemaire publiera un septième roman (aux Herbes rouges): Des petits fruits rouges. On y trouvera une héroïne de La Vie en prose, qui la révélait au public québécois en 1980. La mi-septembre apportera un roman de France Daigle: Un fin passage. L’auteure vit à Moncton, et a déjà publié plusieurs autres livres, mais c’est son premier ouvrage à paraître aux éditions du Boréal.

D’autres titres à venir: Tsubame, d’Aki Shimazaki (début sept., Leméac); Splendide solitude, d’Abla Farhoud (Hexagone, mi-oct.); L’Aguayo, d’Andrée Laberge (La courte échelle, fin sept.).

Enfin, parmi les poids lourds, ceux qui, sans méchanceté pour les autres, feront les beaux jours du 24e Salon du livre (qui, en l’occurrence, se tiendra du 15 au 19 novembre): L’homme qui entendait siffler une bouilloire, de Michel Tremblay (Leméac/Actes Sud, fin oct.) et bien sûr Florent, de Marie Laberge (chez Boréal), qui conclura la trilogie Le Goût du bonheur.

Signalons également la parution d’un roman de Nicole Brossard, qui n’est pas la dernière venue non plus: L’Archéologie du futur (Québec/Amérique, mi-oct.).

Donner des nouvelles
Plusieurs belles plumes s’adonneront au genre bref. Louise Desjardins publiera un premier recueil de nouvelles, elle qui a déjà abordé le roman, la poésie et publié une biographie de Pauline Julien. Son recueil, Coeurs braisés, paraîtra fin septembre, chez Boréal. Une autre poétesse et romancière se livre à une première expérience dans la nouvelle. Carole David fera paraître Histoires saintes, début septembre, aux Herbes rouges.

André Marois, ancien lauréat du Concours de nouvelles Voir il y a huit ans, publie un recueil de nouvelles policières: Trente-huit morts dont neuf femmes, aux éditions Trait d’union (fin sept.). Plus tard, en octobre, paraîtra un recueil de Gilles Archambault intitulé Comme une panthère noire (Boréal).

Et puis, on n’a pas encore de titre, mais on prévoit en novembre la sortie d’un recueil de nouvelles de Mavis Gallant, traduites par Nicole Côté (L’instant même).

Enfin, Christian Mistral frappera à nouveau, avec une novella: Sylvia au bout du rouleau ivre. Ce n’est pas tout à fait une nouvelle histoire, elle a déjà été publiée dans la revue Stop il y a une dizaine d’années. Mais on apprend qu’elle a été réécrite, et qu’elle constitue un ouvrage différent et plus développé.

Quelques traductions
Signalons aussi quelques ouvrages en traduction made in Québec, ce qui nous réjouit: Cap Random II, de Bernice Morgan (XYZ, oct.), suite d’un très beau roman qui évoque la vie d’immigrants partis d’Angleterre et débarqués par hasard (ce que signifie "random", en français) à Terre-Neuve. La saga de Morgan a été portée à l’écran (elle sera diffusée à CBC, cet automne) et traduite par la romancière (et évidemment traductrice) Hélène Rioux.

Autre parution à surveiller, celle du récit de Nega Mezlekia: Dans le ventre d’une hyène (Leméac/Actes Sud, oct.). Ce livre a reçu le Prix du Gouverneur général (catégorie essai anglophone) en 2000, mais est ici présenté comme un récit; Mezlekia, qui vit aujourd’hui à Toronto, évoque dans son livre l’histoire de son pays d’origine, l’Éthiopie, à travers celle du héros. L’ouvrage a été traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

De plus, la maison les Allusifs publie deux romans brefs en traduction: Opéra, d’Elena Botchorichvili traduit par Carole Noël, et L’Origine du monde, de Jorge Edward par Émile et Nicole Martel. Signalons également la parution aux éditions de La pleine lune d’un roman de Jeffrey Moore, Les Chaînes de la rose traduit par Ivan Steenhout; (début oct.) Enfin, les deux premiers tomes de l’intrigante saga fantastique, Le Pouvoir du sang, de la Canadienne Nancy Kilpatrick, paraîtront aux éditions Alire en novembre, mois des morts. Ces romans gothiques, mettant en scène des vampires, seront traduits par Sylvie Bérard et Suzanne Grenier[CVI1].

Essais, documents, biographies
Nous aurons notre lot d’essais sur le thème du nationalisme. Parmi eux, signalons La Revanche des petites nations, de Stéphane Paquin, qui s’intéresse aux nouvelles formes que le nationalisme peut prendre avec l’avènement de la mondialisation (Vlb, mi-sept.). Qui est Québécois? fait la synthèse de différents courants du nationalisme au Québec. L’"ouvrage est signé Geneviève Mathieu, et paraît également chez Vlb (fin oct.) Restons dans le sujet, avec la parution du tome 3 de la biographie de René Lévesque, L’Espoir et le Chagrin, de Pierre Godin (Boréal) qui paraîtra en novembre. Les Porteurs de liberté, essai de Michel Venne (directeur de l’information au quotidien Le Devoir), porte sur la souveraineté du Québec. L’auteur y explique de façon personnelle pourquoi le Québec doit, selon lui, devenir un pays (Vlb, mi-nov.).

Un autre essai promet d’être intéressant et surtout très actuel: La Citoyenneté multiculturelle (Boréal, novembre), de Will Kymlicka, prof et philosophe (Université de Carleton et Université d’Ottawa). Cet ouvrage réfléchit sur les nouveaux enjeux du multiculturalisme, qui a donné un autre visage au pays, mais dont les enjeux se transforment. Ce livre est écrit par un philosophe qui enseigne en Ontario, mais la réflexion vaut également pour nous, bien évidemment. Mentionnons aussi la parution d’un livre de Gilles Pellerin, La Peau courte, qui portera sur la langue et l’identité, dans la foulée de son essai Récits d’une passion, paru en 1997 (fin oct., L’instant même).

Autre ouvrage qui suscitera peut-être des débats, celui de Marc Angenot: D’où venons-nous? Où allons-nous? La Décomposition de l’idée de progrès (Trait d’union, coll. Spirale, fin sept.). Angenot, spécialiste de l’analyse du discours et de la sociocritique, travaille depuis longtemps sur le thème des utopies.

Puisque l’on évoque le progrès, mentionnons l’essai de Michaël La Chance: Les Penseurs de fer ou les sirènes de la cyberculture (Trait d’union, fin sept.). L’auteur, philosophe, écrivain et spécialisé en histoire de l’art, évoque l’illusion du progrès, notamment technologique (est-il d’ailleurs autre chose aujourd’hui?), qui règne dans notre société.

Côté littérature, François Charron publiera un essai-biographie sur Saint-Denys Garneau. Intitulé L’Obsession du mal, Charron y brosse le portrait du poète, mais aussi du Québec dans lequel il a vécu. Le livre paraîtra aux Herbes rouges (sept.).

Pour les amateurs de Ducharme, signalons l’essai de d’Élizabeth Nardout-Lafarge Réjean Ducharme, une poétique du débris (oct. Fides); et également Le Faux littéraire, plagiat littéraire, intertextualité et dialogisme, d’Yzabelle Martineau, chez Nuit blanche.

Également, le conteur Jean-Marc Massie publiera un Petit manifeste à l’usage du conteur, ouvrage qui se veut un" essai et réflexion sur l’émergence du conte au Québec" (Planète rebelle, mi-sept.).

Curiosité: un essai sur L’Industrie de la mort, écrit par un jeune sociologue, Sébastien Saint-Onge (Nuit blanche, sept.) L’auteur y traite du milieu méconnu des services funèbres, qui sont devenus les enjeux de multinationales.

Signalons aussi un essai du romancier Émile Ollivier. Repérages "vagabonde" dans son oeuvre propre, comme le formule joliment l’éditeur, à la recherche des thèmes, "repères " justement, qui l’ont jalonnée (Leméac, mi-sept.). À ce titre, l’ouvrage de Micheline Dumont, Découvrir la mémoire des femmes: Une historienne face à l’histoire des femmes (oct., Remue-Ménage), laisse également entrevoir une certaine introspection sur sa démarche, bien que les deux auteurs n’écrivent pas dans le même domaine.

Puis, le tome 2 de la biographie Olivar Asselin et son temps, La Grande Guerre, d’Hélène Pelletier-Baillargeon, paraîtra en octobre (Fides).

Du côté des beaux-arts, on annonce un ouvrage biographique, Dallaire, de René Viau (Leméac, mi-oct.) et L’Affiche au Québec des origines à nos jours, de Marc H. Choko (Éd. de l’Homme, sept.). Enfin, une autre curiosité: Histoire universelle de la chasteté, d’Elizabeth Abbott (Fides, oct.), et – ce qui n’a rien à voir – Le Livre noir du Canada anglais, du journaliste Normand Lester (Intouchables, fin oct.) sur lequel l’éditeur semble beaucoup miser…

Un gala du livre à l’horizon
Beaucoup d’intervenants du milieu littéraire déplorent avec raison que le livre ne connaisse pas au Québec une bonne visibilité. Objet peu médiatisé, il reste encore méconnu, tout comme les gens qui le font, que ce soit l’auteur bien sûr, l’illustrateur, ou le libraire. La chaîne du livre est longue; de plus, les genres sont nombreux: le gala récompensera donc tous les domaines (jeunesse, manuel scolaire, beaux-livres, littérature, etc.). On veut également que le grand public, habitués aux galas des milieux du cinéma, de l’humour, de la musique et du théâtre, mette aussi des visages sur l’"industrie" du livre. C’est pourquoi la nouvelle Association pour le livre francophone d’Amérique (Alfa) – fondée en janvier dernier par un comité composé de personnalités appartenant à différents organismes (dont l’UNEQ) -, et pilotée par Lise Oligny, a mis un tel événement sur pied. Le gala des prix Odyssée devrait se tenir le 23 avril, Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Il sera produit par la maison Pixcom (qui produit également l’émission Cent titres, diffusée à Télé-Québec)[PA2]. Signalons aussi que l’Alfa publiera chaque jeudi un bulletin d’information (Le Papier pressé) destiné aux gens du milieu, pour rendre compte de l’actualité littéraire dans le Canada francophone. Un dossier à suivre.

Rentrée Bédé
Les éditeurs indépendants européens de bande dessinée continueront à nous épater cet automne avec les suites d’oeuvres parues l’an dernier, mais aussi avec quelques nouveaux titres alléchants. L’Association promet le deuxième tome de Persépolis, de l’Iranienne Marjane Satrapi; l’abécédaire Albert et les autres, version masculine d’Aline et les autres du Québécois Guy Delisle; et Hicksville de Dylan Horrocks. Le Juif de New York de Ben Katchor est le titre-vedette de l’automne chez Amok, tandis que Fréon nous promet rien de moins qu’une intrigante biographie en bulles et en cases de Che Guevara, de Breccia et Oesterheld, intitulée sobrement Che.

Du côté québécois, on attend la troisième livraison de Spoutnik, des éditions de la Pastèque, une revue cosmopolite de l’avant-garde en BD. Après Roulathèque Roulathèque Nicolore de Geneviève Castrée, qui vient de paraître, L’Oie de Cravan annonce quant à elle deux nouveautés: Ébola de Jeff Ladouceur et Intestines de Simon Bossé (un de nos meilleurs illustrateurs, qui publie trop rarement). Alors que Monsieur le président de Rémy Simard est le titre de la rentrée dans la collection Kami-Case des éditions du Boréal, chez Mille-Îles on nous apprend une bonne nouvelle: la traduction de deux albums de Chester Brown, The Playboy et I Never Liked You, deux classiques de la BD anglo-montréalaise (parution en septembre). En plus de Moments d’intimité de Pierre Drysdale (en octobre) et de Rats de goût de Benoît Laverdière (en novembre), Mille-Îles mise par ailleurs beaucoup sur Planet Twist de Grégoire Bouchard, un livre drôle et coloré qui relate l’histoire du défunt groupe Les Jaguars qui marqua le Québec des années 60.

Rentrée livres jeunesse
Parmi les nouveautés de cet automne, signalons tout d’abord chez Tisseyre une histoire d’horreur signée Daniel Mativat, Quand la bête s’éveille (14+). Chez Q/A, un roman de Dominique Demers illustré par Stéphane Poulin: Ta voix dans la nuit (12+), et un premier roman jeunesse mettant en vedette une héroïne noire, Appelle-moi Zaza! (9+), de Louise Champagne.

À La courte échelle, une science-fiction d’André Marois: Les Voleurs d’espoir (12+); un nouveau Sylvain Trudel: Le Voleur du poisson d’or (7+); le premier conte d’Élise Turcotte (qui signe également avec Daniel Sylvestre la série Puce, pour les petits dès 6 mois); Guillaume Rioux, Le Poisson orphelin (2-6) et le premier tome d’une série humoristique de Chrystine Brouillet: Mon frère le dragon (7+).

Chez HMH, une curieuse aventure: Le Congrès des laids, de Lucìa Flores (9-11); un roman historique de Maryse Rouy: Jordan et la Forteresse assiégée, et un titre de Marie-Célie Agnant: Vingt petits pas vers Maria.

Chez Boréal, un nouveau Christiane Duchesne: Mister Po, Chasseur (8+); et un roman de Magali Favre qui traite des révoltes cathares du XIIe siècle: À l’ombre du bûcher (10+).

Chez Scholastic, deux titres traduits par Cécile Gagnon: Bonne nuit, les étoiles volantes! (5-9), et l’émouvant Une courtepointe pour grand-maman (5-8).

Chez Fides, un nouveau livre-disque d’Henriette Major: Chansons douces, chansons tendres.

Chez Gallimard: Artemis Fowl (12+), premier tome d’une trilogie fantastique de l’écrivain irlandais Eoin Colfer. Chez Milan, le délicieux petit Raoul nous revient dans Raoul Taffin, pirate (3+). On annonce au Seuil un nouveau Babette Cole: Les Bonnes Manières (4+). Enfin, de Mango, on attend avec impatience des nouveaux Albums Dada. (Julie Sergent)

Rentrée livres poésie
Parmi le lot de recueils frais parus ou à paraître, mentionnons d’abord Le Corps en tête (L’Atelier des Brisants), ce recueil qui a valu à Claudine Bertrand le convoité prix Tristan-Tzara 2001.

Aux Écrits des Forges, qui lançaient plusieurs titres début septembre, signalons Le temps premier, du fondateur de la maison, Gatien Lapointe; ainsi qu’Express pour l’Éden, de Lucien Francoeur, La Parole jusqu’en ces envoûtements, de Claude Beausoleil, et le plus récent de Denise Boucher, intitulé Un joint universel.

Les Éditions du Noroît lançaient il y a peu Disparaître n’est pas tout, de Joël Pourbaix, ainsi que le neuvième recueil du prolifique Robert Melançon, intitulé Le Dessinateur. Martin Thibault, quant à lui, nous présente La Totalité du paysage, son quatrième recueil.

Chez Triptyque, la saison s’ouvre avec la publication d’Indienne d’exil, de Franck Pavloff, et de Gymnastique de la voix, de Robert Giroux. Suivra entre autres, en octobre, le Tirésias de Mihaela Privache.

Pendant ce temps, à L’Hexagone, Louise Warren et Salah el Khalfa Beddiari publient respectivement La Lumière, l’Arbre, le Trait et Chant d’amour pour l’été, tandis que Jean-Simon Desrochers fait paraître L’Obéissance impure, un premier livre, aux Herbes rouges. En octobre, on pourra aussi lire le cinquième ouvrage de Stéphane Despatie, Garder le feu, publié chez Planète rebelle.

Au Loup de gouttière, on nous propose Des neiges et des cendres, d’Anne Peyrouse, ainsi que L’Étreinte des oiseaux, fruit d’une collaboration entre Gabriel Lalonde et l’écrivain français Bernard Montini.

À la mi-novembre, la jeune maison L’Effet pourpre publiera quant à elle un premier recueil de poésie intitulé Sans arrière-goût et signé Jean Boisvert.

Il ne s’agit là, bien sûr, que d’une fraction de la production automnale. (Tristan Malavoy-Racine)

Côté étranger
Si vous avez suivi l’actualité, vous savez sans doute que la France a décidé de venir nous faire découvrir ses artistes et sa culture avec l’événement "France/Québec, la saison". Côté littérature, cela ne change rien pour nous, tant le marché du livre français a déjà une très (trop, disent plusieurs) large visibilité dans nos librairies. Qu’à cela ne tienne, voici quelques suggestions de livres qui nous viennent de France, mais qui ne sont pas tous français.

Plateforme, de Michel Houellebecq (Flammarion)
C’est l’événement de la rentrée. Ce roman de Michel Houellebecq (Extension du domaine de la lutte, Les Particules élémentaires) fait déjà l’objet d’une controverse en France. L’auteur a déclaré dans une entrevue au magazine Lire que l’islam était de toutes les religions "la plus con"; la communauté musulmane, indignée, a demandé à visionner la première émission de Guillaume Durand, Campus (qui remplace Bouillon de culture) où Houellebecq était invité. Bref, c’est la pagaille (et une excellente pub pour Houellebecq et pour Campus). Que raconte Plateforme? Les aventures de Michel, narrateur, qui, lassé de sa petite vie ordinaire et triste, se rend en Thaïlande, pays où se pratique un tourisme sexuel scandaleusement florissant. Il y rencontre une femme avec qui il connaîtra l’amour. Mondialisation du sexe, terrorisme religieux, critique des valeurs bourgeoises occidentales sont la toile de fond de ce roman dont nous parlerons, bien sûr.
Sortie septembre

Disgrâce, de J. M. Coetzee (Seuil)
On connaît peu cet écrivain sexagénaire, mais la rumeur (ah, cette incroyable machine!) se charge déjà de promouvoir son roman qui lui a valu le prestigieux Booker Prize (en 1999), faisant de lui le premier écrivain à remporter le prix deux fois. Ce roman de "l’après-apartheid" raconte la vie d’un professeur de l’Université du Cap, et a pour décor l’Afrique du Sud, où vivait l’écrivain avant de s’installer en Australie tout récemment. On a très hâte de découvrir ce roman.
Sortie septembre

Le Tueur aveugle, de M. Atwood (Robert Laffont)
Elle figure parmi les écrivains canadiens les plus populaires à l’étranger, et a, elle aussi, remporté le Booker Prize (un prix anglais, incidemment) entre autres récompenses, pour The Blind Assassin. L’on retrouve aujourd’hui ce roman en traduction française. Une histoire ambitieuse, comme le sont souvent les romans de Margaret Atwood, où se mêlent le policier, la science-fiction et la chronique sociale. Bien que l’action se déroule dans les années 40, Atwood joue sur plusieurs niveaux, et mêle plusieurs histoires. Ce livre a été traduit en 33 langues, et l’auteure sera en visite à Montréal à la fin du mois de septembre.
Sortie fin septembre

Le Fond de la rivière, de Jamaica Kincaid (de l’Olivier)
Cette auteure née en 1949 à Antigua vit aux États-Unis depuis son adolescence. Elle a remporté le Femina étranger l’an dernier avec son roman Mon frère, également paru aux éditions de l’Olivier, qui la font découvrir aux lecteurs francophones. L’univers romanesque de Jamaica Kincaid est largement autobiographique, et raconte, par le biais de ses personnages, son départ d’Antigua, son arrivée à New York, ses liens familiaux, sa vision de la société américaine, et de celle de ses origines qui continue de l’habiter. Kincaid, qui développe aussi une réflexion sur l’écriture à travers ses livres, a écrit pour l’hebdomadaire prestigieux The New Yorker, pendant 20 ans, et ce roman parut originellement en 1983.
Sortie novembre

Bref séjour chez les vivants, de Marie Darrieussecq (P. O. L.)
Comment vivre après la mort d’un petit enfant? Marie Darrieussecq (Truismes) en a fait le sujet de son cinquième ouvrage, dans lequel l’on suit cinq personnages (la famille) pendant 24 heures. Dénégation, culpabilité, oubli sont parmi les thèmes abordés pour évoquer toute la place que prend, justement, l’absence. Ce roman est apprécié par la critique, qui voit en l’auteure une digne héritière (et rénovatrice) du nouveau roman. Comment en effet raconter une histoire dans intrigue? C’est, paraît-il, ce qu’elle fait dans Bref séjour chez les vivants. Sortie septembre

Cosmétique de l’ennemi, d’Amélie Nothomb (Albin Michel)
Ce n’est pas de sa faute, si elle est productive! Cosmétique de l’ennemi ne fait que perpétuer la tradition: chaque rentrée d’automne amène un roman de Nothomb. Des critiques l’ont traînée dans la boue; d’autres la portent aux nues. Le public achète son livre qui est en tête de liste des meilleurs vendeurs. Après tout, Nothomb ne figure-t-elle pas parmi les écrivaines les mieux payées de France (ce que révélait Marie-Claire cet été)? Tant mieux pour elle. Nous avons un faible pour la prolifique Amélie, et attendons avec impatience son nouvel ouvrage. Elle y relate la rencontre de deux hommes coincés à l’aéroport de Roissy. L’un veut lire, l’autre, discuter; et tous deux s’adonnent à un dialogue, comme les aime la jeune romancière.
Sortie septembre

Et aussi…
En vrac, quelques autres romans attireront notre attention, parmi lesquels La Vie des morts, de Will Self (de l’Olivier, sept.); Les Sombres Feux du passé, de Chang-Rae Lee (de l’Olivier, sept.); Pornocratie, de la cinéaste Catherine Breillat (Denoël, sept.); Dur, dur, des nouvelles de Banana Yoshimoto (Rivages, nov.); Le Châtiment des hypocrites, roman de l’Algérienne Leïla Marouane (Seuil, sept.).

Également, soulignons la sortie de Björk, par Björk, livre qui accompagne le prochain album de la chanteuse: Vespertine (Album Seuil, sept.), et des Mémoires du génial Michel Serrault (Florent Massot, novembre), qui feront certainement l’événement.

Côté essais et documents, Jacques Derrida et Elizabeth Roudinesco, respectivement philosophe et psychanalyste, publieront De quoi demain…? (Fayard, octobre). Les auteurs réfléchissent sur les grands enjeux de l’avenir, dans cet ouvrage qui se présente comme une synthèse des questions de l’heure. Ce que fait également Jean-Claude Guillebaud, écrivain et éditeur, dans son essai Le Principe d’humanité. L’auteur s’interroge sur ce qui définit l’humain, alors que des changements épistémologiques ont bouleversé notre connaissance du monde (technologies, médecine, économie, etc.) et de l’individu (Seuil, sept.).

Signalons également la sortie d’un livre au titre bien français: Les Femmes, mais qu’est-ce qu’elles veulent? Sous la direction d’Henri Lelièvre, 24 femmes (parmi lesquelles Françoise David) et trois hommes réfléchissent à la condition féminine (Complexe, oct.). Un complément à ce dernier ouvrage: Si les hommes pouvaient parler, d’Alon Gratch, psychologue, essai qui portera sur le comportement masculin (Payot, sept.).

Des curiosités: Faire, défaire, pour mieux faire, La Saga L’Oréal de François Dalle, (Odile Jacob, nov.), et L’Art du Grand Nord, de Jean Malaurie (Citadelle & Mazenod, oct.).

[CVI1]Touver trad.

[PA2]Qui sera le diffuseur?