L'Affaire Dreyfus, L'Iniquité : Georges Clémenceau
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L’Affaire Dreyfus, L’Iniquité : Georges Clémenceau

Georges Clémenceau est un homme d’un autre monde, d’un autre temps. D’un temps où la presse était une arme; d’un monde où les questions politiques trouvaient leurs réponses dans des débats d’idées, et non dans les résultats d’un sondage  d’opinion.

Georges Clémenceau est un homme d’un autre monde, d’un autre temps. D’un temps où la presse était une arme; d’un monde où les questions politiques trouvaient leurs réponses dans des débats d’idées, et non dans les résultats d’un sondage d’opinion.

Clémenceau avait certes des défauts; il était, entre autres, un brin arriviste, ce qui l’a d’ailleurs mené à la présidence de la République française. Mais du temps qu’il était journaliste, il fut un fameux polémiste. Il suffit d’ouvrir au hasard L’Affaire Dreyfus, L’Iniquité pour s’en convaincre. Il écrit, par exemple, à propos d’émeutiers ralliés par quelques slogans antisémites: "[…] au premier cri de sauvagerie qui retentit parmi nous, le fond barbare se retrouve chez tous ces prétendus civilisés. […L]es foules se ruent, sauvages, pillant, brûlant, tuant, et attendant de cette explosion de fureur la fin de leurs maux".

L’Affaire Dreyfus, L’Iniquité est la réimpression d’un ouvrage publié en 1899 et reproduisant la totalité des articles écrits par Clémenceau dans la foulée de l’affaire Dreyfus (c’est d’ailleurs lui qui a trouvé le titre J’accuse auquel Zola allait devoir une partie de sa célébrité, et un joli paquet de problèmes!). Il n’est pourtant pas nécessaire d’être amateur d’histoire française du tournant du siècle pour apprécier la lecture de ce pavé. Ceux qui en ont marre de la bêtise militariste, par exemple, raffoleront de passages comme celui-ci: "Vive la guerre! criait-on sur le boulevard en juillet 1870. Cependant, je regardais aux vitrines une image qui montrait un troupeau d’oies acclamant un cuisinier armé de son couteau pointu. Vive le pâté de foie gras! disait la légende."

L’actualité a de quoi nous faire regretter des plumes comme celle-là!

Éd. Mémoire du livre, 2001, 587 p.