Le Tramway : Claude Simon
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Le Tramway : Claude Simon

Le tramway qui donne son titre au roman de Claude Simon (Prix Nobel de la littérature 1985) est un souvenir d’enfance: celui du chemin que le narrateur devait parcourir aller et retour chaque jour d’école.

Le tramway qui donne son titre au roman de Claude Simon (Prix Nobel de la littérature 1985) est un souvenir d’enfance: celui du chemin que le narrateur devait parcourir aller et retour chaque jour d’école.

À bord de ce tramway, le jeune garçon côtoie des élèves plus grands, qui fument une cigarette en compagnie du wattman taciturne et d’ouvriers fatigués. À un bout de la ligne, il y a le centre de la ville, et la maison familiale où la mère s’ennuie d’un mari mort à la guerre: la Première, la Grande. À l’autre bout, s’élève le collège, dont on doit quitter les classes en courant si on ne veut pas manquer ce tramway qui ne sera de retour qu’une heure plus tard. À deux pas de là, s’étend une plage où, les jours de fête et les fins de semaine, les familles bourgeoises de la ville vont se promener et humer les effluves de la Méditerranée. Et au milieu de tous ces souvenirs, surgit par moments celui d’un séjour que le jeune garçon a fait à l’hôpital.

Il ne se passe rien de bien particulier dans ce roman. En cela, il est à l’image des souvenirs d’enfance de chacun d’entre nous, qui n’ont rien de vraiment intéressant pour d’autres que nous-mêmes. Et c’est paradoxalement ce qui rend le livre attachant: on s’y égare avec délices dans ce que Claude Simon appelle "l’impalpable et protecteur brouillard de la mémoire".

Écrit dans une langue somptueuse, où les impressions s’amoncellent dans des phrases qui s’étendent généralement sur plusieurs pages, Le Tramway nous dit que tout ce qui fait une vie tient peut-être dans un seul mot, celui que le narrateur couché sur son lit aperçoit sur le mur du corridor quand s’ouvre la porte de sa chambre d’hôpital: transit! Éd. de Minuit, 2001, 141 p.