Rentrée livres : Lecture rapide
Livres

Rentrée livres : Lecture rapide

En cette saison particulièrement propice à la lecture, quoi de plus pratique qu’un petit condensé des parutions à venir. Feuilleté de choix.

Janvier

La rentrée hivernale démarre en lion, avec quelques morceaux très attendus. Le nouveau roman de Monique LaRue, six ans après La Démarche du crabe, doit déjà être en librairie. La Gloire de Cassiodore (Boréal) nous immerge dans le monde de l’enseignement collégial. Dès la semaine prochaine, les fans de la grande auteure canadienne pourront se procurer le dernier-né de Margaret Atwood. Lauréat du prestigieux Booker Prize 2000, Le Tueur aveugle (Robert Laffont) s’attache au destin de deux soeurs, dont l’une meurt en 1945, tel que raconté par la survivante 50 ans plus tard. Au menu: roman dans le roman, secrets et pistes entrelacées…

Les nombreux aficionados de Tonino Benacquista se réjouiront d’apprendre la parution prochaine de Quelqu’un d’autre. Ce roman où deux inconnus se donnent trois ans pour changer d’identité est "sans doute le meilleur Benacquista", annonçait en début d’année L’Express international. Ça promet. Aussi chez Gallimard, le populaire Alexandre Jardin nous offre une autre quête d’amour parfait: Mademoiselle Liberté. Philippe Djian, lui, rend hommage aux auteurs qui l’ont marqué, de Melville à Céline, dans Ardoise (Julliard). Et on se délecte déjà à la pensée d’un nouveau David Lodge. Avec Pensées secrètes (Rivages), le Britannique se fait encore le mordant satiriste du petit monde universitaire.

Au rayon des essais, Gilles Pellerin signe La Mèche courte (L’instant même), un ouvrage "polémique" où il dénonce la "défection" des intellectuels à l’égard de la langue. Un sujet toujours susceptible de mettre le feu aux poudres…

Février
Ceux qui ont aimé Le Mangeur de pierres apprendront avec plaisir que Gilles Tibo a donné une suite à son louangé premier roman pour adultes. Les Parfums d’Élisabeth reprend là où le précédent se terminait: avec la fuite d’Élisabeth et Gravelin dans la nature, où ils devront apprendre à survivre. Toujours chez Québec Amérique, le populaire auteur François Gravel (l’attachant Fillion et frères) s’attaque avec Je ne comprends pas tout à une histoire d’amour impossible: la passion entre deux voisins mariés dans la banlieue longueuilloise.

Deux ans sans publier: c’est long pour Maxime-Olivier Moutier, qui revient cette fois avec une série d’essais sur plusieurs thèmes: Pour une éthique urbaine (l’Effet pourpre). Quant au romancier Louis Caron, il signe Il n’y a plus d’Amérique (Boréal).

Mars
Leméac publie la correspondance du grand des lettres canadiennes, Robertson Davies. Entre vous et moi réunit des centaines de missives écrites entre 1976 et 1995, année de sa mort. Retour attendu de Ying Chen avec un roman, Le Champ dans la mer (Boréal), qui semble explorer les thèmes familiers de l’auteure d’Immobile: le temps et la mémoire, vus ici à travers le monde de l’enfance. Après L’Homme complet, Aude revient avec un nouveau roman, Quelqu’un (XYZ), sur les relations entre l’être et le paraître. Ou, si vous préférez, "les rapports entre le corps et le quelqu’un qui vit à l’intérieur".

Versant romans historiques, Louise Simard donne un second volet à sa saga sur la tribu des Mesquakies. Thana, L’Île aux traces (Libre Expression) se déroule en Martinique, chez les esclaves. Avec le recueil de nouvelles La Route de l’or (Pleine lune), Jeanne-Mance Delisle s’intéresse pour sa part à la ruée vers le métal précieux qu’a connue l’Abitibi au début du siècle. Dans Baudolino (Grasset), le célèbre auteur du Nom de la rose, Umberto Eco, célèbre "la force du mythe de l’utopie".

Les amateurs de romans policiers auront du solide à se mettre sous la dent puisque certains des meilleurs auteurs contemporains du genre publient un nouveau titre. L’excellent Suédois Henning Mankell (Les Morts de la Saint-Jean), dont les enquêtes dévoilent toujours des maux sociaux, signe Le Mur coupe-feu (Seuil). Les fans de Dennis Lehane se précipiteront quant à eux sur Mystic River (Rivages), le dernier-né – et son meilleur, selon la critique américaine – de l’auteur du sombre Ténèbres, prenez-moi la main. Lehane substitue à son couple de "privés" habituel trois hommes réunis par un meurtre et par un événement mystérieux de leur enfance, 25 ans plus tôt.

Avril
Les mordus de Michael Connelly attendront avec impatience L’Ossuaire (Seuil), une autre enquête de l’inspecteur Bosch qui remue les cendres de son sombre passé… Les curieux pousseront peut-être du côté de Cinq Enlèvements, quatre cadavres, trois lettres, deux bouledogues et une… (Leméac), premier polar d’Annie Dufour, une jeune Québécoise établie aux États-Unis.

Depuis son départ très médiatisé de Radio-Canada, le journaliste Normand Lester n’aura pas tardé à se recycler, puisqu’il prépare un thriller sur le thème très actuel de la recherche génétique. Chimères (Libre Expression) est co-écrit avec Corinne de Vally.

Avis aux fans: vous aurez droit à non pas un, mais deux John Irving. D’abord un roman, paru l’an dernier sous le titre The Fourth Hand, une histoire qui semble impossible à résumer… Du Irving, quoi. Puis en juin, un récit sur son expérience dans le merveilleux monde du cinéma. Au Seuil.

Essais
Côté essais, le poète et médecin québécois Joël Des Rosiers en signe un, L’Étoffe du héros: de la médecine à la Révolution (Triptyque), qui interroge le rapport du corps à l’écriture à travers les grandes figures de trois docteurs-révolutionnaires: Che Guevara, Norman Bethune et Frantz Fanon. Le Français Pascal Bruckner cherche une solution de rechange au capitalisme (on peut toujours rêver!) dans Misère de la prospérité. Chez Grasset, en mars.

Et la tragédie du 11 septembre a bien sûr suscité une pléthore de livres traitant des conséquences de cet acte terroriste, ou encore de l’islam. Parmi ceux-ci, soulignons Dostoïevski à Manhattan (Robert Laffont), où le philosophe André Glucksmann met en cause le nihilisme. Un ouvrage dont la presse française parle déjà beaucoup, et qu’on aura ici en février. Le célèbre écrivain Gore Vidal s’interroge quant à lui sur La Fin de la liberté (Rivages), la diminution des libertés individuelles dans les États-Unis de l’après-septembre 2001. Un essai refusé par son éditeur américain, dit-on…

Ce maigre échantillon de la rentrée n’est évidemment que la pointe de l’iceberg…