Femmes afghanes : La Nuit sacrée
Vous verrez: dans quelques mois, plus personne ne parlera du sort des femmes en Afghanistan. Alors tant mieux si les paroles s’envolent et les écrits restent!
Vous verrez: dans quelques mois, plus personne ne parlera du sort des femmes en Afghanistan. Alors tant mieux si les paroles s’envolent et les écrits restent!
Plusieurs livres viennent en effet de paraître qui décrivent la réalité, leurs terribles conditions de vie. Parmi eux, Femmes afghanes, de Nilab Mobarez, médecin engagée dans le combat humanitaire à Kaboul, et Olivier Weber, grand reporter au magazine hebdomadaire français Le Point; leurs textes sont illustrés par de splendides photos signées par 17 artistes internationaux. Page 7: Kaboul, 1972. Une photo en double page montre trois jeunes filles marchant dans la rue, en souliers à talons hauts et en jupe courte. Comme l’écrivent les auteurs, elles prennent un risque: les mollahs ne font pas dans la dentelle et jettent de l’acide sur les jambes nues des jeunes femmes pour leur signifier que l’occidentalisation n’aura jamais lieu dans leur pays.
Avec l’arrivée des talibans, les femmes ont perdu leurs libertés, notamment celle de s’instruire. C’est ce que soulignent Nilab Mobarez et Olivier Weber, dans leur texte à caractère historique retraçant les grandes étapes de l’évolution afghane depuis l’indépendance en 1919. On y apprend que le refus du voile par les femmes ne date pas d’hier (qui est assez bête pour penser que les femmes viennent de se réveiller?) et que les mollahs, puissant lobby s’il en est un, ont fait de l’ombre tout au long du siècle aux souverains les plus éclairés. Si une image vaut mille mots, ce livre est fort bavard, et montre des photos renversantes; la burqa, "prison de coton", mais bien plus que cela, symbolise l’apogée de l’obscurantisme dans ce pays aujourd’hui ravagé.
Dans Cent lettres pour les femmes afghanes, des célébrités telles que Catherine Clément, Taslima Nasreen, Roselyne Bachelot, Nancy Huston, Nadine Trintignant, Gilbert Sinoué, Geneviève Brisac et tant d’autres adressent ces textes hétéroclites à des femmes inconnues; pour cela, tous ont renoncé à leurs droits d’auteur et la totalité des fonds sera destinée à l’organisme Médecins sans frontières.
Un autre ouvrage est paru récemment, réédition d’un "classique", écrit-on en préface: Femmes d’Afghanistan, signé Isabelle Delloye. Originellement publié en 1980 (aux Éditions des Femmes), ce livre faisait le portrait descriptif et révélateur de la condition féminine afghane à travers les histoires de plusieurs femmes rencontrées par l’auteure; la maternité, l’éducation, le travail, le mariage figurent parmi les thèmes abordés. Il s’agit surtout d’un récit très personnel, écrit au je, que Delloye a ramené du pays, après y avoir séjourné durant quatre ans, pendant lesquels elle enseigna au Lycée français de Kaboul. Cette édition est entièrement revue à la lumière des événements de septembre 2001.
Ces livres prouvent une chose: la modernité d’un pays se mesure à l’état de la condition des femmes qui l’habitent.
Femmes afghanes
de Nilab Mobarez et Olivier Weber
Éd. Hoëbecke
Cent lettres pour
les femmes afghanes
Éd. 1
Femmes d’Afghanistan
Isabelle Delloye
Éd. Phébus