J'ai épousé une poupée gonflable : Courant d'air
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J’ai épousé une poupée gonflable : Courant d’air

J’ai un faible pour les premiers romans. C’est un grand plaisir de l’esprit que de découvrir une voix, et voir un auteur venir au monde. C’est avec cette curiosité pleine de bonne foi que j’ai ouvert le premier roman de Louis-Thomas Pelletier, J’ai épousé une poupée gonflable. "Roman satirique" et "comédie romantique", c’est ainsi que l’on décrit ce livre, qui met en scène un jeune homme, Francis, dont l’amour est contrarié dès la première page: sa blonde le quitte pour un prof de tennis.

J’ai un faible pour les premiers romans. C’est un grand plaisir de l’esprit que de découvrir une voix, et voir un auteur venir au monde. C’est avec cette curiosité pleine de bonne foi que j’ai ouvert le premier roman de Louis-Thomas Pelletier, J’ai épousé une poupée gonflable. "Roman satirique" et "comédie romantique", c’est ainsi que l’on décrit ce livre, qui met en scène un jeune homme, Francis, dont l’amour est contrarié dès la première page: sa blonde le quitte pour un prof de tennis. Il se retrouve seul avec son chagrin. Enquêteur dans une compagnie d’assurances ("Les petites clauses en bas de votre contrat d’assurance, ça vient de notre service. Nous faisons l’impossible pour ne pas vous payer."), il tente de nouvelles rencontres, mais sa Geneviève occupe toutes ses pensées.

Jusqu’à ce qu’il tombe sur une poupée gonflable, le sosie de la femme qu’il aime, dans un sex-shop. Déçu par l’amour et les filles, il achète l’objet et en fait une "compagne de substitution". Ses amis ont peine à croire qu’il en soit arrivé là, et nous aussi, pour dire la vérité. Ce n’est pas la poupée gonflable qui pose problème, mais le fait qu’on ne croit pas du tout à cette histoire. Les épisodes racontés dans le roman sur les rapports du narrateur avec Sheila (c’est le nom de ladite poupée) sont d’un puéril navrant: il lui parle, lui fait la conversation et s’étonne qu’elle ne réponde pas. Est-ce de l’humour? Est-on dans la fantaisie? Si oui (et comment peut-il en être autrement), rien dans l’écriture ne nous indique vraiment ce choix stylistique. Le registre est réaliste, mais ne colle pas du tout avec le sujet. Pourquoi faire du narrateur un personnage comme tout le monde, alors que sa fixation a tout d’un problème clinique?

Le summum est atteint lorsque le jeune homme se rend à Old Orchard (toujours avec sa Sheila) et rencontre une fille qui parle à son ourson en peluche. Pitié! On nous annonçait un "roman satirique", mais la satire demande des crocs acérés, une certaine finesse d’esprit et, surtout, du contenu. Ce n’est pas tout de savoir écrire, encore faut-il avoir quelque chose à raconter?

J’ai épousé une poupée gonflable
de Louis-Thomas Pelletier

Édition Les Intouchables

2002, 141 pages