Le Marché francophone de la poésie / Stefie Shock : Marché public
Les organisateurs du troisième Marché francophone de la poésie ne cachent pas leur objectif: rapprocher, un tant soit peu, grand public et poésie. Entretien avec celui qu’ils ont choisi comme porte-parole: STEFIE SHOCK.
Pour une troisième année, le Marché de la poésie de Montréal hisse pavillon place Gérald-Godin. Du 2 au 5 mai, sous le chapiteau dressé devant le métro Mont-Royal et dans plusieurs cafés et bistros de l’avenue du même nom, le public est convié à une série de lectures, mais aussi de discussions et de réflexions sur le poème, et plus particulièrement sur les rapports qu’il entretient avec la chanson. Le Marché 2002 est en effet placé sous le thème "poésie et chanson". Pas étonnant qu’on ait choisi comme porte-parole Stefie Shock, un auteur-compositeur-interprète connu pour son habileté à manier la rime.
"Ça m’a fait un immense plaisir, dit le chanteur. Ça donne un sens à ce que je fais. Il y a longtemps que j’écris, je pense le faire avec rigueur, et cette invitation est une forme de reconnaissance. Je saisis l’importance d’un tel événement; l’importance de rappeler aux gens tout ce qui se fait dans le domaine de la poésie. Le quartier me paraît très approprié, d’ailleurs, ce quartier qui fourmille de gens sensibles aux arts…"
Si rejoindre un très vaste public tient encore de l’utopie, nul doute que les rencontres suscitées dans pareille foire permettent à plusieurs de mieux comprendre ce genre méconnu. "Pour le grand public, plus habitué au roman, la poésie est un genre épeurant. Lire un poème, ça demande un peu plus d’effort, c’est certain. Justement, le Marché est une occasion de combattre cette paresse. Parce qu’il suffit souvent de s’y pencher pour apprécier la poésie. Je suis certain qu’on peut rejoindre pas mal de monde."
Le coloré porte-parole tente une explication quant à l’aspect rebutant, pour certains, du poème. "En poésie, tout est possible; comme auteur, on peut se laisser aller complètement dans les mots, s’éclater, par rapport au roman où il faut toujours ramener le lecteur sur un chemin défini. Ça peut faire peur, cette liberté totale. Il faut l’apprivoiser", raconte cet habitué des soirées de poésie du resto-bar L’Aparté. "Il y a là une ambiance formidable, beaucoup d’humour. Ces soirées-là font comprendre que la poésie peut être à la fois accessible et de qualité."
Stefie Shock, en pleine période d’écriture pour un prochain album, participera lui-même à une table ronde, le 5 mai. On l’entendra discuter des frontières perceptibles entre poésie et chanson, soeurs jumelles et pourtant différentes. "Il y en a une différence, mais elle n’est pas toujours présente. Un poème chanté sera toujours un poème; une chanson n’est pas toujours de la poésie, loin de là!" À suivre…
Parmi les autres activités, mentionnons la soirée inaugurale du 2 mai, présentée à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, qui soulignera en chanson et poésie les 25 ans de la maison d’édition Triptyque, très active dans le domaine. Aussi, on fait une large place à la Communauté française de Belgique, à l’honneur cette année.
Pour le détail de la programmation: www.poesie-quebecoise.org/marche.