Prix Montmorency des cégépiens 2002 : Gagnant: Sylvain Trudel
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Prix Montmorency des cégépiens 2002 : Gagnant: Sylvain Trudel

La première édition du Prix Montmorency des cégépiens s’est conclue le lundi 29 avril dernier, alors que l’on récompensait Sylvain Trudel pour son très beau roman Du mercure sous la langue (Éd. Les Allusifs). Inspiré du Goncourt des lycéens, ce prix vise à éveiller et encourager les jeunes à lire, à mieux connaître la littérature d’ici, à en débattre, et, pourquoi pas, à écrire.

La première édition du Prix Montmorency des cégépiens s’est conclue le lundi 29 avril dernier, alors que l’on récompensait Sylvain Trudel pour son très beau roman Du mercure sous la langue (Éd. Les Allusifs). Inspiré du Goncourt des lycéens, ce prix vise à éveiller et encourager les jeunes à lire, à mieux connaître la littérature d’ici, à en débattre, et, pourquoi pas, à écrire. Nous publions donc deux textes critiques rédigés par des membres du jury (ils étaient 20) du Prix Montmorency, Julien Perrier-Chartrand et Cynthia Cloutier-Marenger, sur le roman de Trudel.

Ne faut-il pas une première fois?

Lumineuse agonie
Mourir avant d’avoir vécu, mourir avant d’aimer, mourir avant d’avoir été aimé, telle est la funeste destinée du jeune Frédéric Langlois, adolescent condamné par un mal incurable. Sous la plume de Sylvain Trudel, qui signe ici son quatrième roman, Frédéric nous livre ses impressions sur la famille, la religion, l’amitié, l’espoir, la fausse compassion. Dans un style bien particulier oscillant entre langue parlée et poésie, Trudel nous offre un tableau lucide de l’innocence confrontée à la mort, de la vie bourgeonnante coupée en pleine floraison: "C’est fou, mais jamais j’aurais cru en arriver si vite à la dernière extrémité du monde, où le moindre de mes regards égratigne ce fragile univers de cristal qui ne me comprend plus." Jamais le sujet n’est gravement abordé. Du mercure sous la langue laisse au contraire un sourire au coin du coeur, donne le courage de foncer vers un nouveau jour sans geindre inutilement sur son sort. Entrecoupé des poésies du narrateur, le récit ne sombre jamais dans le cliché ou l’apitoiement, mais se laisse plutôt porter par la naïveté du personnage, poète "Métastase", qui sait ne pas avoir vécu, et ne rien pouvoir y faire. (Julien Perrier-Chartrand)

La mort en face
Poignant! Voilà qui décrit parfaitement le nouveau roman de Sylvain Trudel, Du mercure sous la langue, dans lequel nous assistons aux derniers jours de Frédéric Langlois, un adolescent de 16 ans atteint d’un cancer de l’os iliaque. De façon très poétique, Sylvain Trudel nous livre les réflexions de ce jeune homme qui "joue le rôle de l’oiseau rare grâce à qui les autres mesurent leur chance et comprennent qu’ils se plaignent pour des pépins de pommes." Lucide, Frédéric sait très bien qu’il va mourir… et nous aussi le savons. Pourtant, rien n’est macabre dans ce court roman. Au contraire, tout est émouvant. En particulier cette révolte que Frédéric prétend entretenir contre la religion, cette révolte qui ne nous convainc que d’une chose: que cet athée possède une plus grande foi qu’il ne le pense. Et une plus grande envie de vivre aussi. Car lorsque Frédéric cesse de se battre pour se prouver qu’il ne craint pas la mort, paradoxalement, l’espoir d’une éventuelle guérison surgit. Heureusement, Sylvain Trudel sait introduire une touche d’humour stratégique pour soulager la tension dramatique qui, autrement, nous ferait éclater. Et, en fin de compte, c’est cela qui nous fait tant apprécier le roman: ce bon dosage d’émotions, cet équilibre entre tristesse et joie, révolte et espoir. Et aussi cette écriture riche qui nous donne envie de relire le livre encore et encore afin d’en découvrir tous les trésors…

(Cynthia Cloutier-Marenger)

Du mercure sous la langue
Du mercure sous la langue
Sylvain Trudel