Cow-boy dans l’âme : Sur la piste du western et du country

Depuis 150 ans, ressurgissent régulièrement un mythe tenace et son représentant typé: le fabuleux univers du Far West et son indémodable cow-boy. Que ce soit à la fin du 19e siècle, par les tournées de Buffalo Bill et sa troupe; au cours des années 50-60, alors que la télévision nous gavait des Gunsmoke, Bonanza ou The Lone Ranger; ou, plus récemment, sur la scène musicale états-unienne, dominée par la musique country: la fascination qu’exerce l’Ouest américain semble se renouveler sans cesse.

Le Musée de la civilisation de Québec, poursuivant son étude de la culture populaire (chanson québécoise, téléroman, hockey), vient donc d’inaugurer l’exposition Cow-boy dans l’âme. Et l’institution a eu la bonne idée de faire appel aux anthropologues Bernard Arcand et Serge Bouchard pour la rédaction du catalogue. Sous-titré Sur la piste du western et du country, l’ouvrage fait le tour de la montagne de fort belle façon, et les auteurs ont semblé prendre un malin plaisir à y travailler. Ils nous proposent des réflexions sur la quête de liberté et la conquête de nouvelles contrées; sur les personnages périphériques (les Indiens et les femmes de l’Ouest) ayant contribué à l’édification de cet univers; sur les valeurs (nomadisme, justice, solitude, mélancolie) qu’incarne le héros cow-boy, et son formidable impact sur l’imaginaire; sur la récupération qu’en a faite l’industrie cinématographique western hollywoodienne, caractérisant le personnage – car le cow-boy tel qu’on se le représente n’existe plus, l’Ouest ayant épuisé depuis longtemps ses territoires inexplorés. Et le duo Bouchard-Arcand analyse le détournement de sens qu’a opéré la musique country, cette dernière célébrant plutôt les vertus conservatrices de la famille et de l’appartenance à son patelin.

Le Québec a compté son lot de pionniers intrépides, que l’on songe à Ernest Dufault, alias Will James, immortalisé sur pellicule par Jacques Godbout; et la culture western, bien que marginalisée, est toujours très vivante chez nous, comme en témoignent les photos du Festival western de Saint-Tite, où se donnent rendez-vous chaque année jusqu’à 400 000 visiteurs venus assister aux spectacles de musique, rodéos et mariages western (!).

Nostalgie? Ou besoin de simplicité et d’authenticité? Quelle que soit la raison, il serait dommage de bouder son plaisir et de se refuser à cette nouvelle vague du country et western (incarnée ici notamment par Les Cowboys fringants et le retour de Renée Martel, qui participera aux prochaines FrancoFolies). Car même si les montures ont été remplacées par des dix-huit roues et les chapeaux, par des casquettes de camionneur, rien de tel que de bonnes chansons country pour rythmer les voyages au long cours… Les Éditions de l’Homme, 2002, 240 p.