Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil : Haruki Murakami
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Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil : Haruki Murakami

Haruki Murakami, né à Kobe en 1949, a traduit Raymond Carver, Truman Capote, Francis Scott Fitzgerald, et figure parmi les auteurs-cultes de la littérature japonaise. Comme plusieurs artistes de sa génération, il voue un certain culte à l’Amérique du jazz, de la littérature, des valeurs de liberté et d’individualisme – au sens positif du terme.

Haruki Murakami

, né à Kobe en 1949, a traduit Raymond Carver, Truman Capote, Francis Scott Fitzgerald, et figure parmi les auteurs-cultes de la littérature japonaise. Comme plusieurs artistes de sa génération, il voue un certain culte à l’Amérique du jazz, de la littérature, des valeurs de liberté et d’individualisme – au sens positif du terme.

Murakami a également vécu dans d’autres pays, dont la Grèce et les États-Unis, où il a enseigné (à Princeton) la littérature japonaise. Après le tremblement de terre de 1997 – il a d’ailleurs écrit un recueil de nouvelles à ce sujet, Après le tremblement de terre, aux Éditons 10/18, qui paraît en même temps que ce roman -, il est retourné dans sa ville natale, où il vit depuis.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil est une sorte de roman d’apprentissage, dans lequel un homme se remémore les différentes étapes qui ont marqué sa vie de garçon, d’adolescent, de jeune homme, de père, d’époux.

Enfant, Hajime rencontre Shimamoto-San, adolescente qui, comme lui, est enfant unique; ils cultivent le même goût pour la solitude, l’indépendance d’esprit. Comme dans tout bon roman initiatique, le héros tombe amoureux, mais Shimamoto-San devra déménager puisque son père est muté dans une autre ville. Il rencontre une autre fille, Izumi, et ainsi de suite, jusqu’à sa vie d’adulte. Comme on dit, c’est la vie qui va.

Ces rencontres amoureuses ponctuent en fait le parcours intime de ce garçon qui aime les femmes mais ne les comprend pas, et qui essaie de garder intacte la magie qu’elles exercent sur lui. C’est avec le regard de l’homme mûr que Hajime commente ses choix et ses amours. "En faisant le bilan de ma vie amoureuse, je me rends compte que les femmes qui m’ont profondément attiré n’étaient pas – à quelques exceptions près – des beautés au sens où on l’entend d’ordinaire."

C’est avec Yukiko, qu’il adore, et avec qui il aura deux filles, qu’il se range. Bien qu’il ne soit pas toujours d’accord avec les valeurs ultracapitalistes de son beau-père, le héros saura faire des affaires avec lui.

Hajime ouvre donc un club de jazz, devient un homme sérieux, prospère, sa vie est rythmée par les promenades, le travail, la vie de famille. Et un jour, il revoit la première fille de sa vie, celle avec qui il partageait son amour de la musique, de la lecture; avec qui, au fond, il s’est découvert.

Ce roman, très bien traduit, à la facture plutôt classique, aborde des thèmes typiques du genre: la transformation (l’évolution de l’enfance à la vie d’homme, de père, etc.), l’amour (et ses déclinaisons: tendresse, amitié, affection), le devoir de vérité et la place du mensonge – jusqu’où peut-on mentir pour préserver une relation, pour soulager sa conscience, pour ne pas heurter l’opinion des autres?

Pour méditer sur ces grandes questions, le récit nous est presque murmuré; comme si l’auteur avait écrit son livre rien que pour lui et nous. Un ton intimiste, qui vise juste. Éd. Belfond, 2002, 223 p.