Janik Tremblay : Julie de Saint-Laurent

Faut-il y voir une revanche de l’Histoire, ou un reflet naturel de leur lectorat? Les romans historiques québécois célèbrent désormais surtout les personnages féminins. On découvre ici Julie de Saint-Laurent, superbe roturière française qui fut pendant 27 ans la maîtresse du prince Edouard, quatrième fils du roi anglais George III, à qui elle donna un enfant illégitime. Une relation que désapprouvait le royal beau-père.

De 1791 à 1794, la belle et son prince charmant vécurent à Québec, où Julie souffrira d’être snobée par la haute société de la Vieille Capitale. C’est ce séjour que raconte Janik Tremblay (La musique revient toujours) dans son troisième livre, fort romanesque. On redoute une suite…

Apparemment bien documenté, le roman nous immerge dans les remous de cette période de l’Acte constitutionnel du Bas-Canada et, surtout, dans les rigueurs de la vie quotidienne à Québec. Une histoire de complot ourdi contre le prince vient donner un peu de nerf à ce récit bavard, qui tend parfois à s’attarder sur des détails inutiles.

Malheureusement, en voulant parfumer sa romance à l’eau de rose, l’"autrice" a renversé le flacon au complet… Les relations entre les deux tourtereaux se limitent souvent aux clichés du genre, et on chercherait en vain un quelconque défaut à la bonne Julie, dont le portrait est si idyllique qu’elle en devient insipide. Quelques personnages se révèlent plus intéressants (je pense au savoureux cuisinier). Mais Julie de Saint-Laurent, dont le principal accomplissement, semble-t-il, est d’avoir inspiré l’amour par son incomparable beauté, évoque davantage une princesse de conte de fées qu’une "héroïne méconnue de notre Histoire". Éd. Trait d’union, 2002, 392 p.