Danièle Robert : Les Chants de l'aube de Lady Day
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Danièle Robert : Les Chants de l’aube de Lady Day

D’abord publié aux éditions Le Temps qu’il fait en 1993, le livre de Danièle Robert, lancé durant le Off Festival de Jazz, est réédité aux éditions Triptyque. L’auteure est surtout connue pour ses traductions du latin et de l’américain (Paul Auster, Disparitions, et… Billie Holiday, Lady Sings the Blues).

D’abord publié aux éditions Le Temps qu’il fait en 1993, le livre de Danièle Robert, lancé durant le Off Festival de Jazz, est réédité aux éditions Triptyque. L’auteure est surtout connue pour ses traductions du latin (Ovide, Les Métamorphoses), de l’espagnol (plusieurs livres de Ramón Gómez de la Serna) et de l’américain (Paul Auster, Disparitions, et… Billie Holiday, Lady Sings the Blues). Elle publiait en 1998 un court récit intitulé Le Foulard d’Orphée. Sa biographie "sélective" de Billie Holiday, assez courte avec ses 160 pages, se lit comme un roman. La narratrice n’hésite pas à nous faire part des pensées intimes des protagonistes, insère des dialogues, etc. Et on y est. Aux funérailles du grand Lester Young, le 19 mars 1959; ou en studio, avec Teddy Wilson en 1935, pour les premiers enregistrements qui dévoileront cette voix traînante si particulière, qui "reste en arrière du temps à la limite du possible".

Billie Holiday, malgré le titre de son autobiographie, ne s’est pas particulièrement illustrée en chantant le blues, mais elle l’a vécu de l’intérieur, par ses drames personnels (violée à 10 ans, puis à 12, prostituée, emprisonnée…) et ceux que subissaient tous les Noirs dans l’Amérique ségrégationniste (elle aura toujours de la difficulté à chanter les paroles qu’elle a écrites pour Strange Fruit, à propos des lynchages toujours en vogue dans le Sud). Cette Amérique hypocrite lui aura fait subir tous les outrages, et c’est la longue souffrance personnelle de Lady Day qu’étale ici l’auteure: "Elle chante, car elle a ce don bouleversant, cette capacité à transformer les larmes en notes de musique et à égrener ses sanglots en arpèges."

L’auteure a fait ses recherches et la traductrice entend éclairer quelques zones laissées dans l’ombre par la chanteuse. "Lorsqu’elle entreprend, à quarante ans passés, de se raconter à son ami Bill Dufty pour qu’il écrive l’histoire de sa vie, le récit pèche, ici ou là, par omission, confusion de lieux ou de dates, défaut de mémoire ou transformation inconsciente des faits…" Mais, après tout, "qu’importe la précision événementielle! Ce n’est pas à cela que se mesure la dimension tragique ou pathétique d’une vie". En effet, et après Les Chants de l’aube, on plongerait bien dans cette autobiographie, en écoutant la Dame chanter "It’s easy to remember, but so hard to forget". Éd. Triptyque, 2002, 161 p.

Les Chants de l'aube de Lady Day
Les Chants de l’aube de Lady Day
Danièle Robert