Chien levé en beau fusil : Julien Fortin
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Chien levé en beau fusil : Julien Fortin

Il a une belle plume, ce Julien Fortin dont Chien levé en beau fusil est le premier livre à paraître. Dans son recueil de 13 nouvelles, le jeune auteur né en 1979 à Rimouski démontre un penchant pour les histoires noires, qu’il conjugue dans plusieurs textes sur le mode hard, trivial, sexuel. Un homme profite de sa chambre d’hôtel pour mater sa voisine (Sirène); des couples élégants, en tenue de soirée, s’apprêtent à dîner, et se retrouvent cul par-dessus tête au moment du dessert (La Râpe humaine); un homme admire – dans tous les sens du terme – une prostituée au grand coeur (Marie-Thérèse).

Il a une belle plume, ce Julien Fortin dont Chien levé en beau fusil est le premier livre à paraître. Dans son recueil de 13 nouvelles, le jeune auteur né en 1979 à Rimouski démontre un penchant pour les histoires noires, qu’il conjugue dans plusieurs textes sur le mode hard, trivial, sexuel. Un homme profite de sa chambre d’hôtel pour mater sa voisine (Sirène); des couples élégants, en tenue de soirée, s’apprêtent à dîner, et se retrouvent cul par-dessus tête au moment du dessert (La Râpe humaine); un homme admire – dans tous les sens du terme – une prostituée au grand coeur (Marie-Thérèse).

Dans d’autres récits, Julien Fortin développe des thèmes plus en profondeur, et met en scène avec réalisme l’univers familial. Ainsi, dans Tambour, un père voit son fils et sa femme quitter le foyer. "Muet, le vieux baisse la tête. Comme s’il cherchait quoi me dire dans son jeu de cartes." Dans Moins que demain, un père dégénéré détruit son fils à petit feu, en lui enseignant la haine et le plaisir de faire mal. "Jonathan regarde distraitement la télévision avec son père. Les plaintes maternelles se poursuivent. Importuné, Henri frappe sur la table en grognant. Jonathan avale de travers. Son père éteint la télé, le gifle et va se coucher."

C’est dans ce registre, celui des liens familiaux, des rapports entre parents et enfants, que le talent de l’auteur est le mieux exploité. L’équilibre entre le récit (les faits, l’anecdote) et la peinture des personnages crée des textes plus maîtrisés que les autres.

Car si Julien Fortin a un certain talent d’écriture (caractérisé par un usage heureux de l’ellipse, des phrases nominales, courtes et directes), un style personnel, ses textes manquent de substance. Il ne s’y passe pas grand-chose, les chutes apportent peu ou pas de surprise, ce à quoi on devrait pouvoir s’attendre compte tenu de la forme littéraire choisie. Un premier livre prometteur, mais pas une révélation. Éd. Triptyque, 2002, 147 p.