L'Empire couleur sang : Denis Côté
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L’Empire couleur sang : Denis Côté

C’est un fantasme d’écrivain: mettre en scène des personnages historiques et parvenir à raconter leur vie comme un roman. Denis Côté (prix Montréal-Brive, prix du Gouverneur général – littérature jeunesse) a fait plus. L’Empire couleur sang donne la vedette à Alexandre Dumas père (Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo), mais également à Gérard de Nerval, Jules Verne et Victor Hugo.

C’est un fantasme d’écrivain: mettre en scène des personnages historiques et parvenir à raconter leur vie comme un roman. Denis Côté (prix Montréal-Brive, prix du Gouverneur général – littérature jeunesse) a fait plus. L’Empire couleur sang donne la vedette à Alexandre Dumas père (Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo), mais également à Gérard de Nerval, Jules Verne et Victor Hugo. Et ce n’est pas tout: l’histoire se déroule à la fois en France et en Nouvelle-France, à quelques années d’écart. En parallèle donc, le destin des Patriotes, de Papineau, et les aventures de Dumas aux prises avec une vie professionnelle difficile, mais féconde.

Au départ, on se dit que rien ne marchera: le livre s’ouvre sur un prologue qui relate un extrait de l’histoire officielle du New Britannia, au moment où Neil Armstrong met le pied sur la Lune. Puis, retour en août 1795, dans le cachot de Giuseppe Balsamo, le comte de Cagliostro, personnage qui fut le sujet d’un livre de Dumas (1849), et qui a réellement existé.

On retrouve ensuite Hugo et de Nerval en train de faire tourner des tables grâce à une méthode que ce dernier a rapportée d’Égypte, transportant dans son sac à malice une statuette sacrée.

On a beau dire que Denis Côté voit trop grand, qu’il ne réussira jamais à nouer tous les fils de son histoire, l’écrivain fait mouche. Le récit est haletant, et le suspens, assez fort pour tenir en haleine son lecteur (même s’il n’est pas adolescent, public auquel s’adressent les livres de la collection Atout). Côté excelle dans la construction de son roman, et propose une description vivante du personnage d’Alexandre Dumas, à qui tout le livre rend hommage (célébrant à sa manière le bicentenaire de naissance du célèbre romancier). "La porte s’ouvrit, encadrant la monumentale silhouette d’Alexandre Dumas. Son visage était en feu. Sa tignasse ébouriffée lui donnait la tête d’un révolté des Caraïbes. Il avait les bras chargés d’une pile instable de livres, de dossiers, de feuillets." Ceux qui aiment la littérature et particulièrement les souvenirs d’enfance marqués par les récits d’aventures seront comblés. Côté y retrace par la bande (et de manière visiblement bien documentée) la genèse des Trois Mousquetaires, ou encore la manière dont Dumas créait ses héros. L’histoire littéraire constitue donc la trame de l’ouvrage. "Dormir? Mais comment dormir quand on a l’esprit comme un volcan? (…) Pour débuter, j’envahirai les journaux. Toutes les gazettes de Paris publieront simultanément l’un de mes feuilletons. Je serai partout, à tel point que les autres feuilletonistes crouleront sous mon ombre."

Qu’est-ce qui peut bien rapprocher la vie de Dumas de celles des Patriotes et du prêtre Gabriel Taché, ou encore de Marguerite Corriveau? On se pose la question tout au long de L’Empire couleur sang. En auteur de romans fantastiques, Denis Côté y répond, mêlant avec finesse légendes et réalité. Éd. Hurtubise HMH, coll. Atout fantastique, 2002, 337 p.

L'Empire couleur sang
L’Empire couleur sang
Denis Côté