Poésie : Moulins à paroles
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Poésie : Moulins à paroles

Sous la plume des versificateurs en herbe comme des poètes de grand chemin, la poésie fait preuve d’une même souplesse à traduire les musiques intérieures. En voilà deux échos rafraîchissants: Poèmes à dire la francophonie, une anthologie établie par Nicole Brossard regroupant des textes de 38 poètes contemporains, et Les plus beaux poèmes des enfants du Québec, fruit d’une initiative du Groupe Ville-Marie Littérature et de la Centrale des syndicats du Québec.

Sous la plume des versificateurs en herbe comme des poètes de grand chemin, la poésie fait preuve d’une même souplesse à traduire les musiques intérieures. En voilà deux échos rafraîchissants: Poèmes à dire la francophonie, une anthologie établie par Nicole Brossard regroupant des textes de 38 poètes contemporains, et Les plus beaux poèmes des enfants du Québec, fruit d’une initiative du Groupe Ville-Marie Littérature et de la Centrale des syndicats du Québec.

Prenant le pouls poétique des quatre coins de la francophonie, le premier veut montrer comment on respire dans la langue française en ce tournant de siècle. Dans son invitante préface, Nicole Brossard parle de la difficulté d’en arriver à une telle sélection, les visages de la poésie d’aujourd’hui étant aussi nombreux que ses auteurs. Admettant la grande subjectivité de la démarche, Brossard dit avoir gardé à l’esprit l’idée du poème à dire, celui qui demeure accessible, parlant même d’un certain "retour à la lisibilité".

Sensible à la tradition orale, à travers laquelle la poésie peut évoluer en dehors des cercles d’initiés, elle inclut bien sûr plusieurs auteurs tombés dans le français quand ils étaient petits, mais aussi d’autres qui sont venus au français, Abdellatif Laâbi ou Anthony Phelps, par exemple.

Poèmes à dire la francophonie met en lumière une poésie universelle mais bel et bien témoin de son époque, là où "la tradition et l’air du temps se rencontrent". Brossard y donne la parole, entre autres, aux Normand de Bellefeuille, Andrée Chedid, Herménégilde Chiasson, Hélène Dorion, Jacques Izoard, Gaston Miron, Eugène Savitzkaya, André Velter et Léopold Sédar Senghor. Bien sûr, il y a des oubliés, mais ce livre est un écho. Un écho pertinent, qui ferait d’ailleurs une très bonne introduction à la poésie contemporaine.

Il y a deux ans, le Groupe Ville-Marie Littérature et la CSQ faisaient paraître Avec des yeux d’enfant, une anthologie de la poésie québécoise destinée à la jeunesse. En 2001, ces derniers unissaient de nouveau leurs efforts et lançaient un grand concours de poésie à travers les écoles du Québec. Dix-sept mille enfants de la troisième à la sixième année du primaire allaient répondre à l’appel, témoignant de leurs plus grandes préoccupations, entre autres la nature et la paix dans le monde. Le résultat, publié plus tôt cette année sous le titre Les plus beaux poèmes des enfants du Québec, dépasse de beaucoup l’exercice scolaire.

"Les enfants savent presque naturellement ce qu’est un poème", peut-on lire dans le liminaire rédigé par les membres du jury, présidé par Richard Desjardins. Aucun doute, la poésie est agile dans ces esprits où la raison ne gère pas tout. À la fois naïfs et d’une acuité troublante, ces mots et dessins – presque chaque texte est accompagné d’une illustration d’un autre enfant – sont mis en valeur par l’extraordinaire travail du graphiste Jean-François Lejeune, grâce à qui ce livre à part se déguste des yeux autant que de l’esprit.

"Je suis ton petit garçon / ne pars pas sans moi / Je suis un petit wagon / je m’accroche à toi / Je suis un petit violon / je ne joue plus sans toi / je suis un petit chaton / et je miaule sans toi", écrit Romain Bédaroux, 3e année. Comme quoi la poésie de demain est en bonnes mains…

Poèmes à dire la francophonie
Éditions Le Castor Astral, 2002, 158 p.
Les plus beaux poèmes des enfants du Québec
Éditions de l’Hexagone / VLB éditeur, 2002, 176 p.

Poèmes à dire la francophonie
Poèmes à dire la francophonie
Nicole Brossard