Rentrée littéraire Québec : En capitale
Livres

Rentrée littéraire Québec : En capitale

Les maisons d’édition de Québec sont loin d’être en reste cet automne et proposent à leur lectorat une panoplie de parutions de tous genres.

Les maisons d’édition de Québec sont loin d’être en reste cet automne et proposent à leur lectorat une panoplie de parutions de tous genres. L’instant même, principal éditeur de prose dans la Vieille Capitale, inaugure la saison en force en publiant (mi-septembre) le très attendu Banlieue de Pierre Yergeau. Aussi au programme: Pornographies, des nouvelles de Claudine Potvin, Hôtel des brumes de Christiane Lahaie, Orfeo de Hans-Jürgen Greif et L’Imaginaire de l’eau de Danielle Dussault, trois romans annoncés comme autant de primeurs. Puis, pour ceux qui seraient passés tout droit, on rééditera également trois romans en format poche, soit le remarqué Ravissement d’Andrée A. Michaud (Prix du Gouverneur général 2001), La Chambre à mourir de Maurice Henrie et Autour des gares de Hugues Corriveau. Côté poésie, Le Loup de Gouttière continue son périple avec L’Éternîle, un nouveau recueil de Pierre Chatillon, et La Terre multipliée par deux de l’auteure-compositrice-interprète Louise Auger. Fidèle à son habitude, la maison donne également le feu vert à trois nouveaux poètes: Lucie Chené (Des écorces frappées de nuages), Lyne Richard (Jusqu’au bord de toi) et Martine Jacquot (Points de repère sur palimpseste usé) verront leurs premiers vers publiés. De plus, la collection Les Petits Loups propose six nouveaux titres pour les enfants dans sa cuvée automnale. Pour leur part, les éditions Alire, spécialisées dans la science-fiction, le polar et la littérature fantastique, annoncent une dizaine de sorties, dont la traduction de La Mosaïque sarantine de Guy Gavriel Kay, auteur culte dont la maison a déjà fait paraître plusieurs bouquins. Dans un registre plus pratique, les Éditions MultiMondes continuent leur croisade dans le domaine de la vulgarisation, mettant sur les rayons des ouvrages sur l’immigration (Immigration, colonisation et propagande), La Boulimie énergétique, Cent ans de médecine francophone et Internet: la réalité après le rêve. Finalement, Septentrion, éditeur spécialisé en histoire et société, annonce la parution d’une quinzaine d’écrits abordant des thèmes aussi variés que l’enseignement de l’histoire au Québec (Louis Cornellier), les alliances qui unirent les Anglais aux Indiens de la vallée du Saint-Laurent (Jean-Pierre Sawaya), l’horizon personnaliste de la révolution tranquille (E.M. Meunier et J.P. Warren), l’histoire des Patriotes (Gérard Filteau) et les traditions des douceurs de la table québécoise (P.L. Martin).

Portrait

Pierre Yergeau
Depuis le cycle abitibien duquel naquirent L’Écrivain public et La Désertion, le public québécois a adopté Pierre Yergeau comme l’ambassadeur d’une prose singulière, nourrie tant par sa quête métaphysique que par une recherche stylistique des plus fouillées. Insatiable, le romancier sonde une fois de plus les méandres du genre humain. Cette fois cependant, c’est l’espace de la banlieue qui sert de scène à l’expression satirique d’un univers américain mythifié. Apparemment vide de sens, boudée par les créateurs comme par les penseurs contemporains, la banlieue représentait pour Yergeau un laboratoire des plus inspirants. "La banlieue comme lieu honni par certains et comme terre promise du rêve américain pour d’autres; dans l’absence de représentation et le dégoût qu’elle inspire à plusieurs, j’y ai trouvé un récipient foisonnant de drames humains."

Écrit dans la grande tradition des téléromans occidentaux, le livre se déploie comme la satire d’une communauté en expansion, fascinée par ses attributs matériels (le barbecue, la piscine, le char) et tournée vers le centre commercial comme on se tournait jadis vers La Mecque. "Mais c’est aussi un nouvel espace de réflexion sur le langage, le quotidien, les relations humaines et les destins particuliers", de préciser l’auteur. Banlieue, qui sera sur les tablettes des libraires dès la mi-septembre, met de l’avant une acuité narrative à laquelle Yergeau nous avait habitués; pourtant, son écriture atypique semble s’éclaircir peu à peu, inaugurant un nouveau cycle de création qui lorgnerait moins du côté du trouble que de la transparence.