Corto Maltese : La Lagune des mystères
Dandy nomade, gentilhomme de fortune, dernier héros romantique: les périphrases ne manquent pas pour qualifier Corto Maltese, corsaire épris de justice et célèbre héros du bédéiste italien Hugo Pratt (1927-1995).
La Lagune des mystères (Corto Maltese)
de Hugo Pratt
Dandy nomade, gentilhomme de fortune, dernier héros romantique: les périphrases ne manquent pas pour qualifier Corto Maltese, corsaire épris de justice et célèbre héros du bédéiste italien Hugo Pratt (1927-1995). Bien accueilli cet été aux festivals de Locarno et de Montréal, le film d’animation Corto Maltese, la cour secrète des arcanes (d’après l’album Corto Maltese en Sibérie) incite à redécouvrir une série abondante que se consacrent toujours à compléter en version couleur les éditions Casterman.
Loin d’égaler la complexité des magnifiques romans graphiques que furent Mû et La Ballade de la mer salée (à lire en premier), La Lagune des mystères, dernier titre paru, réunit quatre nouvelles (à la façon d’autres cycles, tels que Les Celtiques et Les Éthiopiques). Mêlant vérité historique, fiction et mysticisme, le recueil débute à l’embouchure de l’Orénoque, avec La Lagune des beaux songes, où s’est perdu un officier anglais ayant fui la guerre et l’Europe. À l’opposé de ce caractère lâche et faible, que la lagune mystérieuse hallucine et détruira, Corto, homme de toutes les cultures, se révèle l’ami des Indiens Jivaro, que l’on retrouve également dans le second récit, Fables et grands-pères, dans lequel le héros se fait un ennemi personnel du puissant marchand d’esclaves Mendoza.
Maître incontestable de l’aquarelle, Hugo Pratt joue habilement des ombres et des lumières, particulièrement dans les premières planches (envoûtantes) de L’Ange à la fenêtre d’orient, le troisième récit qui se situe dans un monastère vénitien où Corto découvre une carte de l’Eldorado tracée sur la peau d’un moine franciscain. Romantisme, aventures, mystère… et on en redemande. Casterman, 2002, 104 p.