Un siècle de symphonie à Québec : Vue d’ensemble
Au terme des 100 premières années d’histoire de l’Orchestre symphonique de Québec, le professeur et musicologue BERTRAND GUAY signe aux éditions du Septentrion Un siècle de symphonie à Québec, une véritable biographie de l’institution.
Car il s’agit bel et bien d’une biographie, comme le souligne l’auteur en avant-propos: "Au terme d’un premier siècle de symphonie – dans la ville patrimoniale par excellence – l’histoire, ou, mieux, la vie de l’OSQ méritait d’être racontée."
On ne peut qu’être d’accord avec lui. L’OSQ fut la première institution symphonique durable de la capitale, et allait atteindre un grand rayonnement à l’échelle mondiale. Au fil des pages, on côtoie d’ailleurs les plus grandes figures musicales du siècle dernier, de Messiaen à Celibidache, et de Winton Marsalis à Ravi Shankar.
Concis et rigoureux, l’ouvrage parcourt en cinq temps toute l’évolution de l’orchestre: celle de ses musiciens, de ses directeurs, de son répertoire. Du simple regroupement d’amateurs talentueux à l’ensemble de professionnels permanents et disciplinés, l’OSQ aura suivi un parcours parfois pénible, particulièrement à ses débuts: la guerre, la grippe espagnole et surtout le manque de fonds rendent les premières années précaires. Le maire de Québec Napoléon Drouin refusant catégoriquement tout soutien financier depuis 1911, on doit lui envoyer en 1913 les dames de l’orchestre en délégation, qui, elles, réussiront à lui soutirer un chèque de 200 $.
De ces savoureuses petites anecdotes, l’ouvrage est émaillé. "Pour moi, une anecdote, c’est une photo, une photo qui vaut mille mots, explique Bertrand Guay. Elle permet de saisir une situation, une époque, de théâtraliser un événement, qui s’impose ainsi mieux à l’esprit."
Au détour de chaque chapitre, les "Glanures musicales" (vous ne trouverez pas ce terme dans le Petit Larousse, mais dans le Petit Robert si, justifie l’auteur) dressent l’inventaire des grands événements artistiques étrangers à l’OSQ ayant animé la capitale. On y apprend ainsi que le grand Sergeï Prokofiev s’est fait entendre dans un récital le 27 janvier 1920, à la salle Colomb, concert intitulé à l’époque Événement artistique et social du carnaval!
"J’essaie d’intégrer le plus possible tous les éléments de la vie sociale de Québec. […] On fait ainsi plusieurs découvertes: il y a une vie musicale active à Québec et depuis longtemps!" L’OSQ a d’ailleurs largement contribué à la diffusion musicale partout en province: de 1960 à 1974, on donnait même des saisons complètes à Trois-Rivières, Thetford et Rimouski.
Sixième ouvrage de la collection "La bibliothèque de la capitale nationale", de la Commission de la capitale nationale du Québec, Un siècle de symphonie à Québec constitue un excellent ouvrage de référence, notamment grâce aux listes présentées en fin de volume: directeurs de l’OSQ, chefs et solistes invités, principales créations et discographie complète. Et malgré le souci évident d’exactitude historique de Bertrand Guay, le style est fluide et le récit passionnant. Pour rendre le tout encore plus agréable à consulter, une iconographie pertinente et souvent amusante donne un visage humain à la petite et à la grande histoire de l’OSQ. Un petit bijou!
Un siècle de symphonie à Québec
de Bertrand Guay
Éditions du Septentrion
2002, 164 pages