La Duchesse de Bloomsbury Street : Helene Hanff
Livres

La Duchesse de Bloomsbury Street : Helene Hanff

Helene Hanff (1917-1997), dramaturge et auteure, s’est rendue célèbre grâce à son amour des livres. En 1949, elle entamait une correspondance avec Frank Doel, propriétaire de la librairie Marks & Coe spécialisée en livres rares et située au 84, Charing Cross Road à Londres.

Helene Hanff (1917-1997), dramaturge et auteure, s’est rendue célèbre grâce à son amour des livres. En 1949, elle entamait une correspondance avec Frank Doel, propriétaire de la librairie Marks & Coe spécialisée en livres rares et située au 84, Charing Cross Road à Londres. Pendant 20 ans, Hanff et Doel, ainsi que le personnel de la librairie, entretiennent une amitié basée sur les livres, mais dont les propos dépassent parfois leur seul intérêt littéraire. Cette correspondance fit l’objet d’un ouvrage intitulé simplement 84, Charing Cross Road et publié en 1971. Paru en français aux éditions Autrement tout récemment, ce livre racontait les liens noués entre la fervente lectrice et ses amis londoniens, et révélait la passion de Hanff pour la capitale anglaise.

Dans La Duchesse de Bloomsbury Street, l’auteure réalise enfin son rêve. C’est ce voyage qu’elle raconte, pressée par un ami de tenir son journal de voyage, texte qui servira de base au récit. L’aventure débute en juin 1971. Hanff est heureuse, mais angoisse à l’idée de se trouver seule de l’autre côté de l’océan. "Je ne sais comment je réagirai si quelque chose se passe mal et si personne ne m’attend à l’arrivée. Je ne sais surtout que faire de la valise que j’ai empruntée – un vrai mammouth. Je ne peux la soulever seule, et encore moins la porter."

Mais évidemment, elle est très attendue dans cette capitale où son nom circule comme un secret entre initiés. C’est à l’invitation de son éditeur anglais qu’elle se rend à Londres, où va paraître son livre en Angleterre, et ses admirateurs la couvrent déjà de ferventes missives. Elle est invitée à dîner, multiplie les interviews et les séances de signature; on l’amène au théâtre, au concert, au musée, on veut tout lui montrer. On la photographie devant la vitrine de la librairie qui a fait sa renommée, même si celle-ci est fermée depuis longtemps.

Le ton du récit est amusant, ironique, et son intérêt demeure le même que dans 84, Charing Cross Road: littéraire. Car ce qui a poussé Hanff à aimer Londres, c’est d’abord les auteurs qui la fascinent depuis toujours. Elle veut tout voir: les lieux qui ont inspiré Shakespeare, Dickens, George Bernard Shaw; elle demande à contempler les vieilles bibliothèques, admirer l’architecture et écouter l’histoire que racontent les vestiges. Comme dans le premier livre, on découvre avec elle l’histoire littéraire; mais le voyage à Londres donne aussi lieu à des comparaisons entre moeurs anglaises et américaines.

En fait, tout est dans le regard de l’auteure, qui ne manque pas de dire et d’écrire ce qu’elle pense. Par exemple, sur le Songe d’une nuit d’été, monté par un certain Brook: "Au début j’ai été choquée par la mise en scène de Peter Brook, à mi-chemin entre pièce de théâtre et cirque bruyant. Mrs. G fut immédiatement en extase. Moi je ne cessais de m’inquiéter pour Puck: allait-il tomber de ses échasses? Allait-il lâcher les assiettes avec lesquelles il jonglait?"

Un agréable petit voyage dans le temps. Éd. Payot, 2002, 189 p.

La Duchesse de Bloomsbury Street
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Helene Hanff