Robert des noms propres : d'Amélie Nothomb
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Robert des noms propres : d’Amélie Nothomb

Dans un article du Monde du 1er juillet 2001 relatant la dernière émission de Bouillon de culture, la journaliste Marion Van Renterghem parle d’Amélie Nothomb en soulignant sa façon d’articuler "avec une très grande précision des idées bizarres". Voilà qui pourrait aussi bien résumer les romans de l’auteure des Catilinaires: un style fin, précis, coupé aux petits ciseaux de couture, et un univers étrange, de plus en plus bizarre, semble-t-il, à mesure que l’auteure vieillit.

Dans un article du Monde du 1er juillet 2001 relatant la dernière émission de Bouillon de culture, la journaliste Marion Van Renterghem parle d’Amélie Nothomb en soulignant sa façon d’articuler "avec une très grande précision des idées bizarres". Voilà qui pourrait aussi bien résumer les romans de l’auteure des Catilinaires: un style fin, précis, coupé aux petits ciseaux de couture, et un univers étrange, de plus en plus bizarre, semble-t-il, à mesure que l’auteure vieillit.

Son dernier roman, Robert des noms propres, raconte sur le ton du conte classique l’histoire pas du tout banale de Plectrude, petite fille née en prison d’une mère un peu folle, en plus d’être meurtrière et suicidaire. Élevée par un oncle et une tante qui l’adorent, Plectrude chute brutalement de son piédestal quand elle arrive à l’école, où elle fait figure de mésadaptée et de cancre. Jusqu’à ce qu’elle découvre la danse classique, et que tout à coup on se mette à la considérer comme un génie. Plectrude devient petit rat de l’opéra, surdouée, flamboyante, mais son ambition la fait sombrer dans l’anorexie.

Ç’aurait pu être un beau sujet, une nouvelle variation sur le thème, cher à Amélie Nothomb, de l’apparence physique. Mais l’auteure abandonne brusquement son sujet en fin de parcours, comme l’apprenti écrivain qui balance des dizaines de feuillets au panier, pour effectuer un dérapage final si inattendu que le lecteur en perd son latin.

Ce n’est pas seulement que l’histoire de Robert des noms propres soit trop déroutante. C’est aussi que ce conte de fées détraquées semble avoir été écrit à la va-vite, sans conviction, avec même quelques clichés ("Tout s’effondrait: elle n’avait plus de destin, elle n’avait plus de parents, elle n’avait plus rien"), ce qui est assez rare dans l’oeuvre de Nothomb pour qu’on se permette de parler d’exception.

Après tout, elle écrit beaucoup, l’auteure du Sabotage amoureux. Onze romans depuis ses débuts fracassants, en 1992, avec L’Hygiène de l’assassin, c’est plus d’un par année. Et si son dernier-né est à ranger, aux côtés de Cosmétique de l’ennemi, dans la catégorie des déceptions, on ne désespérera pas de retrouver l’Amélie des beaux jours, celle, entre autres, de Stupeur et tremblements et des Catilinaires, dans un prochain roman.

Robert des noms propres
Robert des noms propres
Amélie Nothomb