Les Sept Jours du talion : de Patrick Senécal
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Les Sept Jours du talion : de Patrick Senécal

Aux États-Unis, ils ont Stephen King: nous avons Patrick Senécal. Cela dit, sans vouloir nécessairement comparer leur oeuvre respective, puisque depuis 5150 rue des Ormes (réédité par Alire en 2001), notre maître de l’horreur local a eu l’occasion à maintes reprises de prouver qu’il avait mérité ses lettres de noblesse.

Aux États-Unis, ils ont Stephen King: nous avons Patrick Senécal. Cela dit, sans vouloir nécessairement comparer leur oeuvre respective, puisque depuis 5150 rue des Ormes (réédité par Alire en 2001), notre maître de l’horreur local a eu l’occasion à maintes reprises de prouver qu’il avait mérité ses lettres de noblesse.

Qu’on pense à Sur le seuil, à Aliss (Éd. Alire, 1998 et 2000) ou à son cinquième roman intitulé Les Sept Jours du talion, l’auteur a su démontrer qu’il était possible d’écrire des histoires de peur qui ne sont pas calquées à partir du canevas développé et testé par King. N’empêche, il est impossible de ne pas établir de liens entre les deux romanciers, surtout depuis que Senécal semble suivre de manière inattendue le même chemin que sa contre-partie américaine. En effet, comme c’est le cas pour l’oeuvre de King, devenue depuis 1976 (avec Carrie) une source inépuisable de scénarios de films, l’idée de transposer les histoires lugubres de Senécal au grand écran a fait son petit bonhomme de chemin.

Ainsi, l’adaptation cinématographique de Sur le seuil prendra l’affiche sur nos écrans en décembre 2003 et il est déjà question que le réalisateur Éric Tessier (Sur le seuil) adapte aussi le dernier chef-d’oeuvre de Senécal.

Par l’entremise de ce récent livre, Senécal, également professeur de littérature, de cinéma et de théâtre au cégep de Drummondville, démontre qu’il est au sommet de sa forme et qu’il maîtrise à la perfection l’art du suspense. De fait, Les Sept Jours du talion est un polar qui prend rapidement des allures de roman d’horreur quand le personnage central du récit, Bruno Hamel, met la main au collet de celui qui a violé et assassiné Jasmine, sa fille adorée âgée de sept ans. Incidemment, comme l’indique le titre, Les Sept Jours du talion est un roman sur la vengeance, qui se déroule sur une dizaine de jours, incluant les sept journées durant lesquelles Hamel, chirurgien de profession, se venge sans merci de celui qui a anéanti l’existence de sa fille et, par extension, la sienne.

Qu’on se le tienne pour dit, l’intrigue imaginée par Senécal est d’une rare intensité, et les descriptions détaillées rendent certaines scènes sanglantes très difficiles à lire, même pour les amateurs d’horreur. Cependant, impossible d’accuser l’auteur de faire étalage d’une violence gratuite, car chacun des gestes de Bruno Hamel, on le sent, est provoqué par la folie incandescente qui s’est emparée de lui le jour où le sergent-détective Mercure lui a annoncé que le présumé meurtrier avait avoué son crime. Cette folie prend d’ailleurs naissance dans des événements survenus plusieurs années avant le drame et qu’on découvre avec stupeur au fur et à mesure de notre lecture. Les Sept Jours du talion est d’autant plus prenant que le récit est d’un réalisme troublant et qu’il porte sur deux sujets sensibles, la sécurité des enfants et le droit des victimes de rendre coup pour coup (illustré dans le livre par les manifestations pour et contre le geste de Hamel et la réaction du policier Michel Boisvert, qui croit que le meurtrier n’a que ce qu’il mérite). Mais une chose est certaine, peu importe notre opinion sur le sujet, il est impossible de rester indifférent devant le drame qui se joue sous nos yeux. Éditions Alire, Coll. Polar/Noir, 2002, 333 pages.

Les Sept Jours du talion
Les Sept Jours du talion
Patrick Senécal