L’année en livres : Top 10
Le top 10 des livres, commenté.
L’Angle mort, de Jean-François Chassay (Boréal)
Trois personnages en quête de sens attendent de se rencontrer, un soir de janvier. Des liens cachés, des destins croisés, des secrets inavouables. En toile de fond, un Québec frileux, nombriliste et susceptible, bourré de contradictions. Un roman lucide, brillant, fabuleusement stimulant.
Le Corps de mon frère, de Lynn Diamond (Triptyque)
Lynn Diamond y raconte une enfance passée à Trois-Rivières, et la vie d’une famille dysfonctionnelle qui fut la sienne. Un récit réussi, au "je" incarné et vivant. Une capacité à écrire sur la violence des sentiments, sur la cruauté, tout en maintenant un regard placide sur le récit.
Les trois tomes du Dernier Royaume, de Pascal Quignard (Grasset)
Un Goncourt étonnant pour le premier de ces titres; une expérience d’écriture hors norme. Les Ombres errantes, Sur le jadis et Abîmes, les trois premiers volumes du Dernier Royaume, de Pascal Quignard, proposent une fascinante archéologie de nos états d’âme. Au plus proche de l’essentiel, un work in progress à suivre de très près.
Faire l’amour, de Jean-Philippe Toussaint (Minuit)
Après sept ans de vie commune, un couple en vient à la décision de se séparer. Seulement voilà: ils sont en voyage au Japon, ils n’ont pas dormi depuis 36 heures, et ils doivent partager la même chambre d’hôtel. Jamais rupture n’aura été aussi sensuelle, déchirante, passionnée.
La Fête au bouc, de Mario Vargas Llosa (Gallimard)
Un roman terrifiant qui met en scène un épisode sanglant de l’histoire de la République dominicaine. Une narration qui nous projette, tremblant, dans les coulisses du pouvoir et dans l’intimité du dictateur Rafael Leónidas Trujillo.
Il n’y a plus d’Amérique, de Louis Caron (Boréal)
Violence, sexe, spiritualité, fric, chars, cow-boys, Indiens, tout y est! Louis Caron a abandonné la ceinture fléchée cette année pour nous donner ce grand roman américain qui n’a malheureusement pas eu la couverture médiatique qu’il méritait.
La Tache, de Philip Roth (Gallimard)
L’histoire extraordinaire d’un homme ordinaire qui a littéralement inventé sa vie; le portrait au vitriol d’une Amérique pudibonde, mortellement offensée par l’affaire Lewinsky. Un très grand roman pour lequel Roth a remporté, entre autres honneurs, le Médicis étranger.
Tigre en papier, d’Olivier Rolin (Seuil)
Dans ce roman fiévreux et pétaradant, Olivier Rolin témoigne de l’engagement révolutionnaire qui a forgé sa jeunesse. Il recrée le Paris de mai 68, critiquant les naïvetés idéologiques de ses acteurs mais ressuscitant avec tendresse leur action passionnée.
Un peu de fatigue, de Stéphane Bourguignon (Québec Amérique)
Un retour étonnant à la littérature pour l’auteur du merveilleux La Vie, la vie, dont on découvre une autre facette. Un roman grinçant, drôle et noir.
Les Yeux bleus de Mistassini, de Jacques Poulin (Leméac/Actes Sud)
Dixième roman de l’auteur du Vieux Chagrin, on y retrouve avec grand bonheur ses héros éternels, du petit Jimmy au Jack de Volkswagen Blues. Tout l’univers de Jacques Poulin tient dans ces pages à la beauté frémissante.