Romain Sardou : Une histoire d'amour
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Romain Sardou : Une histoire d’amour

Lors de son récent passage à Montréal pour promouvoir son premier roman intitulé Pardonnez nos offenses, on a fait grand cas du fait que Romain Sardou est le fils du chanteur français Michel Sardou. Qu’on se le tienne pour dit, l’auteur de 28 ans n’a aucun problème à vivre dans l’ombre de son père. Au contraire, il accepte sa condition avec philosophie, conscient que son patronyme lui a peut-être même déjà ouvert des portes.

Lors de son récent passage à Montréal pour promouvoir son premier roman intitulé Pardonnez nos offenses, on a fait grand cas du fait que Romain Sardou est le fils du chanteur français Michel Sardou. Qu’on se le tienne pour dit, l’auteur de 28 ans n’a aucun problème à vivre dans l’ombre de son père. Au contraire, il accepte sa condition avec philosophie, conscient que son patronyme lui a peut-être même déjà ouvert des portes. Il n’a toutefois jamais eu l’impression de devoir travailler plus fort pour obtenir le respect. "Je ne perçois pas les choses comme ça, dit-il. Je me contente de faire au mieux ce que j’aime le plus. Je me sens totalement indépendant de mon père, et puis, je suis habitué au regard des autres, car on me regarde de façon bizarre depuis que je suis né."

Ce qu’il aime le plus, Romain Sardou, c’est l’écriture, sous toutes ses formes. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que son objectif professionnel est de dépasser le romancier, afin de devenir écrivain. "Pour moi, un écrivain, c’est un Victor Hugo. Ce dernier a écrit du théâtre, de la poésie, des romans, de l’opéra. S’il y avait eu du cinéma à l’époque, il aurait probablement écrit des films. Un écrivain, c’est quelqu’un capable de suffisamment contrôler son imaginaire pour passer d’un style à l’autre avec la même adresse. Si j’arrive à le faire, très bien, mais si je n’y arrive pas, tant pis."

Outre l’écriture, un autre sujet passionne énormément l’auteur, et c’est l’histoire. Dès qu’il commence à parler de Pardonnez nos offenses, un polar qui se déroule à l’époque médiévale, plus précisément en l’an 1284, juste après les Croisades et avant le début de l’Inquisition, le débit de Sardou s’accélère. On le sent littéralement possédé par son sujet. "Je n’ai pas décidé un jour d’écrire un roman historique parce que j’aimais l’histoire. J’en suis arrivé à écrire un livre qui se déroule à l’époque médiévale car l’histoire est un sujet qui m’intéresse depuis toujours. À force de lectures sur cette période, j’ai cliqué sur des petits détails que je n’ai pas oubliés, et j’en suis arrivé à construire une histoire qui était un roman dans sa forme", explique Sardou. L’auteur, qui a notamment écrit des scénarios pour Disney en France et TF1, avant de s’installer deux ans à Los Angeles, où il a cofondé une société pour laquelle il écrivait aussi des scénarios pour la télévision, fait cette précision parce que le roman n’est pas un but en soi. "Avant de me tourner vers le roman, j’étais surtout intéressé par l’écriture pour le théâtre. Le théâtre reste d’ailleurs mon objectif principal parce qu’il s’agit pour moi du travail d’écriture le plus passionnant. Cela dit, j’ai toujours voulu aussi écrire des romans."

Pour en revenir à Pardonnez nos offenses, qui emprunte sans contredit son style narratif au théâtre (les chapitres sont découpés comme des scènes), on le définit comme un polar parce que l’intrigue débute avec quatre morts suspectes. Trois corps sont d’abord retrouvés mutilés dans une rivière située tout près d’un étrange village oublié de tous; puis Roméo de Haquin, le vicaire d’une paroisse apparemment sans histoire, est assassiné par un mystérieux homme en noir. Au fur et à mesure de la lecture, on réalise qu’un lien existe entre les deux affaires. Mais les deux enquêtes distinctes, menées par le prêtre Henno Gui et le frère Chuquet, sont tellement tortueuses qu’on découvre le pot aux roses seulement à la toute fin du roman.

En fait, la trame de Pardonnez nos offenses est tissée tellement serré qu’il est impossible d’en dire davantage sans dévoiler ses nombreux rebondissements. Chose certaine, Sardou dépeint avec beaucoup de réalisme une époque ténébreuse de l’histoire, marquée par des simulacres et des complots fomentés par une obscure organisation opérant, semble-t-il, sous les ordres de Rome. Par superstition, Sardou refuse de parler de son prochain roman (les deuxième et troisième étaient en chantier alors même qu’il écrivait Pardonnez nos offenses), mais il mentionne toutefois qu’il se déroule durant l’Inquisition, et qu’on pourrait y retrouver un ancêtre d’Henno Gui.

Pardonnez nos offenses
de Romain Sardou
XO Éditions, 2002, 370 p.

Pardonnez nos offenses
Pardonnez nos offenses
Romain Sardou