America : L'Expédition de Lewis & Clark et la naissance d'une nouvelle puissance
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America : L’Expédition de Lewis & Clark et la naissance d’une nouvelle puissance

L’histoire du Québec déborde largement les frontières dont se réclame de nos jours cette province qui se prend en vain pour un pays. Les nostalgiques des grandeurs du passé s’en gargarisent: du temps de la Nouvelle-France, l’Amérique du Nord était à nous depuis le golfe du Saint-Laurent jusqu’à la Louisiane, en passant par les Grands Lacs et le Mississippi. Et voilà qu’on découvre que la Conquête ne nous a pas empêchés de continuer à courir le continent.

L’histoire du Québec déborde largement les frontières dont se réclame de nos jours cette province qui se prend en vain pour un pays. Les nostalgiques des grandeurs du passé s’en gargarisent: du temps de la Nouvelle-France, l’Amérique du Nord était à nous depuis le golfe du Saint-Laurent jusqu’à la Louisiane, en passant par les Grands Lacs et le Mississippi. Et voilà qu’on découvre que la Conquête ne nous a pas empêchés de continuer à courir le continent.

De prime abord, America, de Denis Vaugeois, semble se pencher sur une page d’histoire qui ne nous appartient pas: l’expédition de Meriwether Lewis et William Clark qui, entre 1804 et 1806, ont traversé l’Amérique du Nord jusqu’au Pacifique afin de déterminer l’étendue et les caractéristiques géographiques de l’intérieur du continent – le territoire que le président d’alors, Thomas Jefferson, considérait devoir devenir un jour celui des États-Unis (à l’époque, les U.S.A. se limitaient encore aux établissements qui s’étaient développés le long de la côte de l’Atlantique).

Vaugeois retrace avec autant de minutie que de clarté, et en agrémentant sa démonstration de superbes et nombreuses illustrations, le parcours de cette fascinante entreprise d’exploration. Et il s’attarde plus particulièrement au rôle que "d’obscurs "Frenchmen"" ont joué dans cette aventure. Car Lewis et Clark n’auraient pas été en mesure de mener à bien leur expédition s’ils n’avaient pu compter sur la collaboration de solides gaillards dénommés Deschamps ou Drouillard: des voyageurs, des coureurs des bois qui connaissaient ces territoires, qui étaient des familiers des Indiens qui y habitaient, qui parlaient leurs langues.

Un de ces compagnons de Lewis et Clark se nommait Toussaint Charbonneau; sa femme s’appelait Sacagawea; elle a eu un fils qui a porté le prénom de Jean-Baptiste. Depuis, la jeune Indienne et son bébé sont entrés dans la mythologie historique états-unienne. Ils figurent sur la pièce sonnante de un dollar destinée à remplacer, au cours des prochaines années, le billet de papier-monnaie de nos voisins du sud!

America s’ajoute aux divers ouvrages qui, depuis quelques années, démontrent que nous sommes pas mal moins français et beaucoup plus métissés que nous prétendons l’être; qu’au lendemain de la Conquête, nous avons été plus nomades, plus aventuriers, et pas mal moins habitants que l’ont fait croire les manuels d’histoire des bonnes soeurs et des bons frères. Éd. du Septentrion, 2002, 264 p.