La Peinture au Québec depuis les années 1960 : Qui trop embrasse mal étreint…
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La Peinture au Québec depuis les années 1960 : Qui trop embrasse mal étreint…

Voilà comment je pourrais résumer le livre La Peinture au Québec depuis les années 1960 de Robert Bernier, qui depuis 1989 est le directeur de la revue d’arts visuels Parcours. Voici pourtant un ouvrage qui aurait pu combler un vide important. Très rares en effet sont les livres de référence qui font le tour de notre histoire picturale récente. Mais quelle déception!

Voilà comment je pourrais résumer le livre La Peinture au Québec depuis les années 1960 de Robert Bernier, qui depuis 1989 est le directeur de la revue d’arts visuels Parcours. Voici pourtant un ouvrage qui aurait pu combler un vide important. Très rares en effet sont les livres de référence qui font le tour de notre histoire picturale récente. Mais quelle déception!

Bernier nous offre un panorama de la peinture d’ici dans lequel il n’a pas pris parti et dans lequel manque pas mal de rigueur intellectuelle. Il ménage continuellement la chèvre et le chou en ne nous donnant pas grand repère pour juger de la qualité de l’art des uns et des autres. Un exemple, parmi bien d’autres: le cas de l’artiste Johanne Corno. À son propos, Bernier écrit: "Adulée par les uns, décriée par les autres, cette femme, tout comme son expression, ne laisse personne indifférent"!! Et puis que fait cette artiste dans le chapitre sur l’art pop à côté de Pierre Ayot ou de Serge Lemoyne?

Bernier aurait dû respecter davantage l’importance historique des uns et des autres. Les artistes sont ici considérés avec presque la même intensité, ce qui donne des mélanges très étonnants. Certains énoncés sont même effectués au mépris de la réalité historique. Un artiste comme Giuseppe Fiore est décrit comme "une figure dominante de l’art québécois", le travail d’André L’Archevêque comme ayant eu "l’effet d’une bombe" dans le monde de la peinture figurative des années 80… Et j’en passe. Quoi qu’il en soit de la valeur de ces artistes, leur impact ne fut pas ce que prétend Bernier, et pour ceux qui connaissent l’art au Québec, de tels propos feront sourire. De plus, l’anecdote personnelle – la rencontre entre Bernier et l’oeuvre d’un artiste – l’emporte trop souvent dans les résumés.

Se profile à travers l’ensemble du livre la réitération du cliché qui veut que les grands talents soient souvent méconnus. À propos de Gaétan Bernier, l’auteur écrit qu’"il n’est pas connu du public et assez peu dans le milieu des arts". Mais qu’à cela ne tienne… "Il n’est certes pas le seul artiste dans cette situation; à vrai dire ils sont fort nombreux dans ce cas"!

Voici un ouvrage qui aurait pu être amputé de la moitié de ses pages. Et cela en particulier dans les chapitres Regards sur la condition humaine, Regards sur le réalisme et Regards sur la tradition, véritables fourre-tout. Auprès d’un public qui ne connaît pas très bien la peinture, cet ouvrage donnera crédit à trop de mauvais artistes! À fuir. Les Éditions de l’homme, 2002, 384 p.