Myriam Beaudoin : Franchir le deuil
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Myriam Beaudoin : Franchir le deuil

La jeune auteure originaire d’Aylmer n’en est qu’à son premier roman, mais l’énergie et l’émotion qui s’en dégagent montrent une maîtrise et un talent certains. MYRIAM BEAUDOIN, avec Un petit bruit sec, fait littéralement vivre la mort, en nous en épargnant tous les clichés.

Dans la première partie du roman, la narratrice raconte la mort lente de son père, décédé d’un cancer des poumons. L’auteure réussit talentueusement à faire vivre le drame derrière ce rideau, cet écran de verre que l’on dresse devant soi, devant ses yeux, lors d’un décès, afin peut-être de se protéger, simplement.

Myriam Beaudoin invite à la lecture de la correspondance – à sens unique – de la narratrice avec son père décédé, et qui cherche ainsi à le retenir pour l’empêcher de partir tout à fait, parce qu’elle refuse que son père ne devienne qu’un souvenir, une simple pierre au cimetière ou quelqu’un que l’on oubliera.

"Il s’agit du décès de mon père, il y a cinq ans, raconte l’auteure. Cela m’est toujours resté dans la tête. Je voulais vraiment écrire quelque chose là-dessus. Ce sont des images que j’ai vues ou que j’ai imaginées. Chez certains auteurs, l’écriture de la mort permet de passer à autre chose, donc à la vie, tandis que chez d’autres, cela leur permet de rester avec la personne décédée. J’ai peut-être voulu faire ma propre expérience, inconsciemment. Mais on a parfois de la difficulté à tourner la dernière page, parce que cela devient tellement intense, et on ne veut pas que la personne disparue soit derrière nous."

Malgré le sérieux et la gravité du sujet, l’écriture reste épurée et sobre, et évite surtout le sujet de la mort à gros traits gras, mouchoirs en mains et crises de larmes hystériques. C’est plutôt la simplicité et le réalisme du style de Myriam Beaudoin qui accrochent, qui viennent éveiller chez le lecteur les souvenirs de cette mort que tous souhaitons un jour ne jamais avoir vécue.

Un petit bruit sec
De Myriam Beaudoin

Éditions Triptyque

2003, 116 pages