Les romans de l’été : Vacances à la page
Soleil ou pas, la saison chaude se prête idéalement au bouquinage. Voici quelques suggestions de romans et nouvelles pour l’été. Bonnes lectures!
Onze minutes
de Paulo Coelho
Le nouveau Coelho est arrivé! Onze minutes débute ainsi: "Il était une fois une prostituée qui s’appelait Maria." Jeune Brésilienne travaillant dans un magasin de tissus du Nordeste, Maria fait un séjour à Rio de Janeiro. Sur la plage de Copacabana, un Suisse lui propose de danser dans un cabaret à Genève. Début du conte de fées? Pas vraiment. De la capitale suisse, elle ne connaîtra que le quartier de la prostitution. Toujours en quête de spiritualité et du grand amour, Maria expose son cheminement dans son journal intime et son lien avec un jeune peintre parlant le même langage qu’elle, celui de l’âme. Aborder l’oeuvre de Paulo Coelho, c’est louer son style poétique, réaliste et philosophique, comme ici. Éd. Anne Carrière, 2003, 372 p. (F. S.)
La Reine du Sud
d’Arturo Pérez-Reverte
Le Tableau du maître flamand, Le Maître d’escrime, Le Capitaine Alatriste: autant de bonnes raisons de vouloir se plonger le nez dans cette nouvelle brique signée Arturo Pérez-Reverte. Le grand reporter espagnol tourné écrivain de romans d’aventures trace ici le portrait de Teresa Mendoza, Mexicaine impliquée dans le trafic de cocaïne et de haschisch au profit du cartel de Medellín, des mafias russes et italiennes. Une femme dangereuse… Traduit de l’espagnol par François Maspero, Seuil, 2003, 575 p. (M. L.)
Route barrée en Montérégie
de François Barcelo
Avec, en couverture, une fourgonnette Westfalia sous la neige, le quatrième épisode des aventures de Benjamin Tardif n’a rien d’estival et, pourtant, ce roman léger et humoristique se révèle une lecture toute indiquée pour l’été. François Barcelo y (re)met en scène Benjamin et ses amis américains, la Noire Soutinelle Case et son frère blanc Justin Case, qui arrivent au Québec après s’être attardés au Texas, en Arizona et en Californie. La Belle Province réserve bien des surprises à l’intrépide Justin et à la jolie Texane, ainsi qu’à leur hôte plus ou moins dévoué… Libre Expression, 2003, 171 p. (C. H.)
Hors de moi
de Didier Van Cauwelaert
Un peu comme Jean-Christophe Grangé dans L’Empire des loups, Didier Van Cauwelaert fouille ici le territoire fascinant de la mémoire. Après quelques jours dans le coma, Martin Harris découvre qu’un autre homme a usurpé son nom, son appartement, son identité, jusqu’à sa femme… Un mauvais tour de sa mémoire? Un complot des multinationales des OGM que les recherches du botaniste américain menacent? L’auteur d’Un aller simple nous entraîne dans une de ces traques identitaires où le lecteur se plaît à être habilement manipulé. Accroché à l’hameçon de l’intrigue, on ne lâche pas ce roman mené tambour battant. Albin Michel, 2003, 214 p. (M. L.)
Jus de fruits
de Lyne Dunberry
Voilà un jus propre à étancher les soifs estivales. Ou à les attiser? Sous la plume de Lyne Dunberry, cabines d’essayage, bureaux d’avocat ou de psy deviennent les théâtres intimes des plus vibrants fantasmes. Dans ces 21 nouvelles (très) érotiques, l’auteure fait tomber les barrières, évitant soigneusement les clichés du genre, ajoutant quelques perles à la longue liste des métaphores de l’éros. L’écriture est sensuelle, oui, mais aussi précise et travaillée, plaçant l’intelligence au service des sens. Un jus coloré, riche en pulpe, rafraîchissant. Lanctôt, 2003, 176 p. (T. M.-R.)
À travers le monde solaire
de Jules Verne
De l’aveu même de son auteur, À travers le monde solaire est le roman le plus extravagant et le plus fantaisiste de Jules Verne. C’est l’histoire d’une comète qui érafle la Terre et en emporte un petit morceau avec elle dans sa trajectoire, emmenant du même coup les habitants qui s’y trouvent. L’un d’eux, Hector Servadac, héros du récit, en profite pour explorer le cosmos et tient le journal de ses aventures… À l’instar des éditions récentes des autres livres de Verne, cette version parue chez Stanké, fidèle au texte original, est expurgée des modifications que ses héritiers avaient fait subir à l’oeuvre du célèbre inventeur de la science-fiction. Stanké, 2003, 472 p. (É. P.)
Aurélie
de Claire Pontbriand
Avec Aurélie, Claire Pontbriand inaugure une saga familiale, celle des Savard, qui régnèrent sur la région de Sorel durant près d’un siècle. À la veille de ses 80 ans, Aurélie habite seule le manoir rappelant l’opulence et le pouvoir passés de son clan. Sans héritier, inquiète pour la postérité de ce lieu rempli de souvenirs, elle charge une photographe d’immortaliser les lieux. Tandis qu’elle lui raconte l’histoire de sa famille, Aurélie croit reconnaître dans cette femme les traits de Laurent, son amour disparu… Les inconditionnels de Mazo de La Roche, auteure de Jalna, aimeront ce roman dont la suite est déjà promise pour la rentrée d’automne. Les Intouchables, 2003, 413 p. (É. P.)
Romans historiques
Les Fils de la cordonnière
de Pauline Gill
Pauline Gill a séduit nombre de lecteurs avec la trilogie La Cordonnière (VLB, 1998-2000), dans laquelle elle retrace la vie peu banale de Victoire Dussault, première femme cordonnière au Québec à la fin du XIXe siècle, dont l’imagination créative est à l’origine de la fortune de la célèbre famille Dufresne. Quatrième et dernier tome de la saga, Les Fils de la cordonnière narre admirablement la vie privée, publique et les nombreuses réalisations professionnelles des frères Dufresne: Oscar, homme d’affaires, et Marius, architecte et urbaniste visionnaire. Ces cobâtisseurs éclairés de la cité de Maisonneuve, qu’ils voulaient exemplaire dans son architecture et son environnement, ont sans nul doute marqué le Montréal du début du XXe siècle. Et toute une époque aussi. VLB, 2003, 603 p. (F. S.)
Les Réfugiés
de Sir Arthur Conan Doyle
Ce nom-là vous dit quelque chose? Je vous mets sur la piste: parmi ses personnages, on retrouve un certain détective on ne peut plus british, pour qui toute énigme relève de l’élémentaire… Eh oui, Conan Doyle a écrit autre chose que Les Aventures de Sherlock Holmes. Ce roman-ci, d’abord paru en 1893, interpelle particulièrement les Québécois. On y suit l’épopée d’Amory de Catinat, jeune officier des Gardes de Louis XIV qui s’exilera en Nouvelle-France au lendemain de la Révocation de l’Édit de Nantes, qui jette les protestants hors de France. Une saga nimbée de romantisme, qui nous promène du palais de Versailles aux remparts du Vieux-Québec. Éd. Stanké, 2003, 360 p. (T. M.-R.)
Hélène de Champlain
de Nicole Fyfe-Martel
Samuel de Champlain a nommé l’île Sainte-Hélène en hommage à sa femme, Hélène Boullé, devenue Hélène de Champlain en 1610. Mais que sait-on d’elle? Grâce à Nicole Fyfe-Martel, sa mémoire remonte des oubliettes. Aboutissement de deux années de travail, le premier tome de la vie romancée d’Hélène de Champlain déroule un récit allègrement mené. Batailleuse, elle mène sa vie tambour battant entre son amour inconditionnel pour Ludovic, apprenti pelletier, et un mari navigateur quadragénaire, épousé à l’âge de 12 ans. Épousailles dictées par le père d’Hélène, secrétaire du roi. C’est Hélène qui raconte sa folle histoire d’amour dans les mots de la France classique déjà tournée vers la Nouvelle-France. Éd. Hurtubise, 2003, 698 p. (F. S.)
Polars
Gone, Baby, Gone
de Dennis Lehane
Après avoir offert aux lecteurs francophones l’excellent Mystic River (récent lauréat étranger du Prix des libraires), Rivages reprend le fil de la publication chronologique des enquêtes de Patrick Kenzie et Angela Gennaro. Dans cette quatrième aventure, les attachants détectives de Dennis Lehane doivent retrouver une petite fille enlevée dans la maison de sa mère négligente. Jamais n’avaient-ils été confrontés à des questions aussi douloureuses, à des choix aussi déchirants. L’auteur de Ténèbres, prenez-moi la main nous kidnappe dans un récit très noir, mais moralement gris, au dénouement bouleversant. Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet, Rivages Thriller, 2003, 387 p. (M. L.)
L’Héritage
de John Grisham
Le nom de John Grisham est presque toujours synonyme de lecture passionnante. Dans L’Héritage, l’auteur de La Firme s’étire toutefois en longueur et en verbiage inutile, plutôt que de plonger au coeur de l’action de son thriller qui dénonce pourtant avec à propos les compagnies pharmaceutiques abusives et les avocats véreux. À la mort de son père, un juge respecté, le professeur de droit Ray Atlee découvre trois millions de dollars dans ses affaires. D’où vient cet argent? En menant son enquête, pas très palpitante, il s’aperçoit qu’il n’est pas le seul à vouloir garder ce magot providentiel. Il l’abandonne néanmoins sans trop se battre, avant de réaliser qu’il s’est fait rouler par moins futé que lui encore. Éd. Robert Laffont, 2003, 302 p. (C. F.)
Ultime Recours
de Scott Turow
Avocat dans un cabinet de Chicago, ayant défendu bénévolement plusieurs condamnés à mort, Scott Turow est aussi l’auteur de best-sellers dont les intrigues nous soulagent de ne pas être aux prises avec la machine judiciaire et pénale américaine. Dans Ultime Recours, un prisonnier qui est sur le point d’être exécuté pour un triple meurtre clame son innocence depuis 10 ans, lorsque son avocat apprend qu’un autre détenu possède des renseignements susceptibles de l’innocenter… Une peinture passionnante des différents milieux et intervenants d’un système aux ramifications complexes. Trad. par Stéphane Carn, Éd. Jean-Claude Lattès, 2003, 574 p. (É. P.)