Les effets sont secondaires : Médecine illégale
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Les effets sont secondaires : Médecine illégale

Tests de médicaments et enlèvements d’embryons sont à l’honneur dans ce polar pour adultes publié à La courte échelle. Entretien avec son auteur, ANDRÉ MAROIS.

Depuis qu’il s’est installé au Québec en 1992, André Marois a publié sept polars pour enfants, trois romans noirs pour adultes et plus d’une vingtaine de nouvelles dans diverses revues littéraires québécoises et européennes. Il a même remporté le concours de nouvelles organisé par Voir en 1993, grâce à sa nouvelle policière intitulée Van Gogh a encore frappé (également publiée dans le recueil Circonstances particulières, éd. L’instant même, 1995). Pourtant, l’auteur, né en France, se défend bien d’être un écrivain prolifique. Au contraire, il met plutôt sa créativité débordante sur le compte de son travail: "Je suis concepteur-rédacteur en publicité. Je suis donc payé pour avoir des idées. Peut-être que c’est ce qui m’inspire autant?" se demande-t-il en riant.

Déformation professionnelle ou non, une chose est certaine, Les effets sont secondaires, son plus récent polar publié aux éditions de La courte échelle, a sans contredit été inspiré par l’actualité. "C’est en feuilletant des magazines comme Voir, qui sont remplis de publicités de laboratoires à la recherche de gens voulant participer à des essais cliniques sur leurs médicaments, que j’ai eu envie d’écrire sur le sujet. Il y a quelques années, on voyait souvent ce genre de publicités et puis tout d’un coup, ça a pris beaucoup d’ampleur. Les annonces sont de plus en plus grosses; on sent que c’est devenu une industrie très importante. Je trouvais ça assez paradoxal qu’on cherche à recruter des gens pour tester des médicaments, comme on le fait avec des animaux", raconte-t-il. Pour entrer dans la peau de Vincent Chicoine, l’un des deux personnages principaux du roman, André Marois s’est présenté à une entrevue de recrutement organisée par une compagnie pharmaceutique, dans le but de participer aux essais cliniques. Cependant, contrairement à Vincent, qui gagne difficilement sa vie comme cobaye, l’auteur n’est pas allé jusqu’au bout, faute de temps.

Le chemin de Vincent, pris dans l’engrenage d’une étude aux effets secondaires de plus en plus inquiétants, croisera éventuellement celui d’Isel, employé dans une clinique de fertilité et personnage pivot de l’histoire, inspiré lui aussi d’un fait divers. "J’étais dans ma voiture quand j’ai entendu Céline Dion raconter qu’elle avait un autre bébé de congelé. Son rapport face à l’existence de cet embryon m’a semblé terriblement bizarre. De là m’est venue l’idée d’écrire une histoire d’enlèvement d’embryons", explique André Marois. Il ajoute: "Étant donné que les parents des embryons sont morts, Isel ne fait pas vraiment de mal à quelqu’un. Il essaie juste de gagner de l’argent. Ce n’est pas très moral, mais au moins, il n’y a pas violence, du moins, pas au début!" s’exclame l’auteur. En effet, ce qui au départ devait être une combine plutôt banale se transforme rapidement en poursuite tragi-comique entre les descendants de POL, l’artiste de renommée internationale, géniteur des embryons, et ses nombreuses fans, qui feraient n’importe quoi pour porter l’enfant de leur idole. Puis, alors que l’existence tranquille d’Isel se transforme lentement en cauchemar, Vincent sauve la mise, sans même s’en rendre compte.

À gros traits d’humour grinçant et de phrases coup de poing (le concepteur-rédacteur n’est jamais bien loin!), André Marois décrit comment l’existence du commun des mortels peut subitement basculer dans l’inconnu, à la suite d’une simple nouvelle entendue à la radio. Un extrait du roman ainsi que des nouvelles de l’écrivain sont disponibles au www.andremarois.com.
Les effets sont secondaires
D’André Marois

Éd. de La courte échelle

2003, 224 p.