Grégory Lemay : Grégory Lemay – À surveiller
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Grégory Lemay : Grégory Lemay – À surveiller

Ça commence par un gars sur son balcon, qui essaie de nourrir un écureuil: "So faisait je ne sais quoi je ne sais où, peut-être l’amour chez quelqu’un qui n’est pas moi, alors que, torse et pieds nus, cambré, écartelé, parodique, le cul ressorti, la main tendue, pleine d’arachides, j’essayais d’attirer un écureuil perché sur la branche qui courtise mon balcon." Ainsi s’ouvre Le Sourire des animaux, deuxième roman signé Grégory Lemay, qui paraît cet automne aux Éditions Triptyque.

Dès les premières lignes, c’est le ton qui séduit: culotté, flâneur, brut, irrésistiblement auto-dérisoire, teinté d’une ironie gentille qui ne tombe pas dans le piège du cynisme, à l’image du pince-sans-rire lucide qui sert de narrateur au roman. Celui-ci tente d’oublier So l’amoureuse en compagnie de Luc, meilleur pote, avec qui il continue de faire les 400 coups.

Les animaux sourient dans la marge et leur rictus pointe vers le drame humain, vers le cirque des hommes. "C’est un regard qui vient de l’extérieur, un coup d’oeil détaché, comme si les animaux observaient des humains s’ébattre et que ça les faisait rire", note l’auteur. Dans ce second roman encore plus qu’au premier (Moi non plus, Point de fuite, 2000), Grégory Lemay assume ses influences américaines, absorbées chez Raymond Carver et Dennis Johnson. Il travaille déjà sur un troisième projet d’écriture, mais en attendant, on peut lire ses billets d’humeur à la page Livres du magazine trimestriel P-45 et, bien sûr, ce petit bijou habilement ficelé qu’est Le Sourire des animaux.