Rentrée littéraire québécoise : Du roman et des nouvelles fraîches
C’est toujours un grand tourbillon, la rentrée littéraire. De plus en plus d’auteurs, d’éditeurs, de titres chaque année. Cette cuvée 2003 semble marquée par un retour à la nouvelle et, ouverture ou hasard, par la traduction de livres canadiens-anglais. Survol de ce que nous proposent les éditeurs d’ici.
Aux Éditions Alire, le très attendu troisième volet des Gestionnaires de l’Apocalypse, de Jean-Jacques Pelletier, sortira en novembre sous le titre Le Bien des autres. Question de nous faire saliver, la maison lance également Le Jeu de la passion, de Sean Stewart, dans une traduction d’Élisabeth Vonarburg. Phaos, d’Alain Bergeron, fera quant à lui entrer le roman québécois dans l’univers cyber-punk, tandis que le roman noir Le Salaire de la honte, de Maxime Houde, mettra en vedette Stan Coveleski, exemple typique du policier recyclé en privé, qui oeuvre ici dans le Montréal sombre et corrompu des années 40.
Vous connaissez Les Allusifs? Cette jeune maison montréalaise consacrée aux formes romanesques brèves ouvre l’automne avec deux traductions: Le Dégoût, d’Horacio Castellanos Moya, un long monologue dans lequel un homme règle ses comptes avec son pays, le Salvador, et Ich bin Prager, de Tecia Werbowski, un roman où Prague sert de décor à l’intense quête identitaire d’un jeune Anglais d’ascendance russe.
Au Boréal aussi, des traductions, d’abord avec La Loi des grands nombres de Judith Cowan, traductrice de poètes tels que Godin, Préfontaine et Boisvert. La Trifluvienne offre ici un recueil rassemblant des nouvelles qui taillent, peu à peu, le portrait de la société francophone dans laquelle évolue l’auteure. Douglas Glover, Ontarien vivant à New York, présente Le Pas de l’ourse, qui marche aux frontières du fantastique. Sur un fond historique réel, ce roman regorge d’idées saugrenues. On y suit par exemple la nièce de Roberval abandonnée lors du troisième voyage de Cartier au Canada! Ook Chung (prix Canada-Japon) propose ses Contes butô, textes qualifiés de grinçants et cruels, dans lesquels il est question de guerre contre la solitude. Le cinéaste Fernand Dansereau, de son côté, se fait romancier avec Le Coeur en cavale, qui rapporte l’histoire d’un riche cultivateur de la Rive-Sud, en 1903. Christiane Duchesne, dont l’oeuvre est couronnée de prix, a fignolé avec finesse et exigence L’Île au piano, un roman aux allures de conte où l’on suit un personnage qu’une tempête a poussé sur une île, au large du Brésil.
De l’amour et des restes humains
À l’Effet pourpre, des fables pour adultes avec L’Amour chez les animaux, du coloré Robert Gray, et Chant pour enfants morts, un récit de Patrick Brisebois. Daniel Da lance pour sa part Un été de faiblesse, pastiche avoué de L’Hiver de force de Réjean Ducharme.
Aux Herbes rouges, À la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j’ai pleuré, roman d’Élisabeth Smart qui avait connu un indéniable succès d’estime lors de sa parution originale, est réédité dans la collection "Traductions" dirigée par Carole David, qui accueille aussi Histoires à ne pas dévoiler à votre mère, des nouvelles de Tess Fragoulis, auteure née en Crète mais ayant grandi à Montréal, récipiendaire du QSPELL First Book Award.
Chez HMH paraîtront Le Gardien de mon frère, de Naïm Kattan, ainsi que Faites le O de Raphaël Korn-Adler, médecin à Sao Paulo.
L’Instant même nous ramène enfin le Gilles Pellerin nouvelliste avec Ï (i tréma), qui répond ni plus ni moins à ce que l’auteur-éditeur avançait dans son essai sur le genre: une équation entre brièveté et cruauté. Paraîtront aussi des recueils de Suzanne Lamontagne, de Jean-François Boisvert, et une anthologie de la nouvelle. Deux romans au programme: Passer sa route de Marc Rochette et Le Cercle parfait de Pasquale Quiviger.
Aux Intouchables, on annonce entre autres Pute de rue, un roman autobiographique de Roxanne Nadeau. Chez Lanctôt, on attend des récits de Pauline Gélinas et de Sylvain Rivière, des romans de Francine Nadon et d’Anne-Marie Savoie, et surtout, Montréal privé, de Louise Anne Bouchard, ainsi que Discours de réception, du polygraphe Yves Gosselin, qui nous ramène en 1953, en pleine époque post-hitlérienne.
Chez Leméac, Entre-mondes de Marie-Andrée Lamontagne, anciennement du Devoir, et L’Homme en morceaux d’André Ducharme. Du côté de Libre Expression, un retour aux Filles de Caleb d’Arlette Cousture, avec le tome 3 de la série. Benoît Dutrizac signe Meurs, mon amour, meurs, pendant que François Avard, auteur pour les humoristes et pour la télévision, présente Pour de vrai, un reality-book.
À La Pleine Lune, nous surveillerons Quenamican, de Roger Magini, éternel finaliste au Gouverneur général, et en traduction, La Malédiction Henderson, de David Adams Richards.
Petits et grands événements
Chez Québec-Amérique, François Gravel attirera l’attention avec Adieu, Betty Crocker. Aussi, des romans de Michel Trépanier et de Micheline Morisset. Chez Stanké, Guy Giguère, avec Fou rire au parlement, présente l’histoire d’un spectateur assidu de l’Assemblée nationale.
Du côté de Trait d’union, des romans d’Anne Richer, de Fernand Bellehumeur, de Lyne Richard, des nouvelles de Bruno Brel (le neveu de l’autre), d’Alain Gagnon, et un récit de Mary Taylor, alors que Triptyque propose un nouveau titre d’Alain Gagnon et une traduction du Journal de Cabbagetown, du Canadien Juan Butler. Chez VLB, Andrée Ferretti revient sur la scène littéraire avec L’Été de la compassion, Jacques Lazure publie Les Oiseaux déguisés, alors que Lucie Dufresne nous entraîne dans l’univers des Toltèques avec L’Homme-ouragan.
Finalement, c’est à XYZ que revient l’événement de la rentrée: L’Histoire de Pi de Yann Martel, traduit par Nicole et Émile Martel, ses propres parents. Nul doute que cette fable profondément originale, qui a valu à son auteur le prestigieux prix Booker, fera mouche aussi dans l’espace francophone. Le même éditeur présentera également Les Amants de l’Alfama, de Sergio Kokis, un titre lui aussi attendu.
Concernant la poésie et les autres nouveautés, nous y reviendrons au cours des prochaines semaines. D’ici là, bonne rentrée!