La collection Best-Seller de Glénat : Refais-moi un dessin
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La collection Best-Seller de Glénat : Refais-moi un dessin

Parmi le millier de bandes dessinées francophones publié chaque année, on retrouve du meilleur et du pire. Afin de redorer son image, Glénat, une des maisons françaises comptant le plus grand nombre de titres à son catalogue, opte pour une intéressante stratégie en rééditant des oeuvres qui se sont démarquées durant la dernière décennie. C’est ainsi qu’en prévision d’un cinquième album, la belle saga romantique des Sambre vient d’être revue par son auteur, Yslaire, dotée d’une maquette plus attrayante que l’ancienne ainsi que d’un titre général laissant présager la création d’un nouveau cycle.

La facture de la récente collection Best-Seller dénote également le souci de Glénat d’élargir son lectorat en misant sur des valeurs sûres. Diffusés pour les vacances d’été en Europe (mais tout juste arrivés chez nous), les livres en noir et blanc ont le format d’un roman à couverture molle et réunissent des séries complètes au prix où on pouvait auparavant s’offrir un seul album couleur à couverture rigide. Quatre titres sont proposés pour le moment, appartenant à des styles très différents.

Bon vieux polar avec son lot de personnages et de dialogues stéréotypés, l’histoire de Gil St-André (une intrigue de Jean-Charles Kraehn illustrée par Sylvain Vallée) raconte les aventures d’un héros qui, devant l’impuissance de la police, décide d’enquêter lui-même sur la disparition de sa femme. Dans Neige, un jeune homme tente de survivre à l’enfer de glace qu’est devenue l’Europe après une catastrophe écologique. Le scénario de Didier Convard y est rehaussé par le pinceau fin et stylisé de Christian Gine qui contribue largement au lyrisme de cette intéressante oeuvre de science-fiction. Le Prince de la nuit, quant à lui, fera la joie des amateurs de fantastique: depuis le Moyen Âge, une malédiction pèse sur les comtes de Rougemont où, de père en fils, on consacre sa vie à débarrasser l’Europe de l’infâme Vladimir Kergan, musicien de renommée mondiale, séducteur et amateur de sang frais. Signée Yves Swolfs, cette série divertissante et au graphisme élégant réussit l’exploit d’apporter un souffle nouveau aux histoires de vampires.

La réédition des sept épisodes des Maîtres de l’orge en un seul volume demeure toutefois la nouvelle la plus réjouissante. Jean Van Hamme y relate l’ascension, sur cinq générations, d’une famille qui a fait fortune dans la bière. Une véritable série culte (qui a été adaptée par la télévision belge) consacrée au courage et à l’obstination d’un clan habile en affaires et passionné par son produit. Bien que demeurant réaliste et académique dans son trait, l’illustrateur Francis Vallès relève ici l’intéressant défi de s’adapter aux personnages qui vieillissent et se succèdent rapidement, à la classe sociale, au décor et à la mode qui changent à chaque épisode.

Bien que le noir et blanc prête mieux à l’appréciation des qualités graphiques de la bande dessinée, les lecteurs familiers de ces oeuvres regretteront peut-être les couleurs dans lesquelles elles ont été créées. Il en va de même pour le format ordinaire des planches, réduit ici, tout comme les caractères d’imprimerie qui pourraient causer des maux de tête à certains. Le principal atout de la collection est évidemment le prix et le format idéal lors d’un déplacement. On pourra facilement partir en voyage en glissant rien de moins que l’intégrale des Maîtres de l’orge (à sept fois moins cher) dans ses bagages… nous procurant une jouissance non moins intégrale.

Les Maîtres de l’orge (Intégrale) de Vallès et Van Hamme,
Le Prince de la nuit (Intégrale) de Swolfs,
Gil St-André (Intégrale) de Kraehn et Vallée,
Neige (Intégrale, premier cycle) de Convard et Gine,
Glénat, collection Best-Seller, 2003

Les Maîtres de l'orge (Intégrale)
Les Maîtres de l’orge (Intégrale)
Vallès et Van Hamme