Les Roses anglaises : Papa won't preach
Livres

Les Roses anglaises : Papa won’t preach

MADONNA a un sens aigu de la mise en scène, c’est connu.

Un jour elle échange un langoureux French kiss avec Britney Spears et Christina Aguilera, sur scène, devant les caméras; le lendemain elle se rend dans les jardins fleuris de Gallimard, à Paris, pour le lancement des Roses anglaises, son premier livre jeunesse traduit en 30 langues, distribué dans plus de 100 pays à travers le globe, superbement illustré par Jeffrey Fulrimari et livré dans un charmant coffret qui donne envie de retomber en enfance. On a déroulé le tapis rouge pour l’icône pop.

Dans cet album qui vise surtout les fillettes, Madonna aborde le thème de la jalousie. Connaissez-vous les Roses anglaises? "Voyons d’abord ce qu’elles ne sont pas: Une boîte de chocolats. Une équipe de soccer. Des fleurs de jardins. En fait, ce sont quatre filles qui s’appellent Nicole, Amy, Charlotte et Grace." Par-dessus tout, les quatre inséparables Londoniennes aiment danser le hullabaloo, le hip-hop et le techno fox-trot. Mais le germe de l’envie croît en elles. Une jolie nymphette nommée Binah promène sa beauté dans le quartier et les Roses anglaises en crèvent de jalousie. Pas question de partager le five o’clock green tea avec la blonde Binah. Jusqu’au jour où elles découvrent que celle-ci est orpheline de mère. Morale de cette histoire: si une belle personne est malheureuse et souffre, vous pouvez devenir son amie. Ou plutôt: on ne doit pas juger les autres sans les connaître à fond.

Questionnée sur ses influences, la "material girl" répond qu’elle se sent plus près du Petit Prince que de Harry Potter et promet de récidiver avec, au total, cinq albums jeunesse. La vérité ici, c’est qu’il n’y a pas de quoi crier au génie. L’histoire de Madonna manque de tempérament et tous les éléments extérieurs visant à la bonifier ne rachètent pas ce "détail". On cherche en vain l’étincelle qui fait les livres-cultes.

Si vous tenez à offrir un album à une fillette de 7-9 ans qui s’interroge sur l’apparence physique, la beauté, la jalousie et les valeurs humaines, laissez le Madonna sur les rayons. Dénichez plutôt Annabel et la bête, signé Dominique Demers (Dominique et compagnie), dont la réputation n’est plus à faire, et Nuit d’orage, de l’auteure et illustratrice Michèle Lemieux (Seuil jeunesse), qui exploite à fond les questionnements existentiels des tout-petits et des plus vieux.

Les Roses anglaises
de Madonna
Éd. Scholastic
2003, 48 p.