Émilie pleine de jouets : Histoire de jouets
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Émilie pleine de jouets : Histoire de jouets

Une belle histoire dans un beau livre cartonné. Émilie est une petite fille ocre-rose qui, depuis son tout jeune âge, laisse traîner ses jouets. Normal pour un enfant! Oui mais pas comme les autres enfants. Car elle, elle les manufacture! Ils lui sortent de partout. Chaque fois qu’elle ouvre et ferme la main, elle fait naître un jouet: un, puis deux, puis trois, des montagnes de jouets. De quoi alimenter les discussions dans sa famille et dans ce village de pêcheurs où pareil don est inouï.

Mais que faire d’un tel amoncellement démiurgique? Plus Émilie grandit, plus les jouets s’entassent. Alors elle les donne et fait des heureux autour d’elle: des enfants malades et des personnes âgées. Elle peut aussi en faire des châteaux, des promontoires, s’en servir comme les cailloux du Petit Poucet. Tout cela est bien joli… mais Émilie fait tout ce qu’il faut… sauf jouer! Elle semble plutôt attendre que le destin, qui par sa profusion encombre sa vie d’enfant, lui permette de voir en ce don non plus qu’une valeur d’échange, mais aussi une valeur d’usage. C’est alors qu’une tempête soudaine menace le bateau de son pêcheur de père. Émilie s’en va le sauver, faisant de ses jouets parthénogénétiques un radeau de sauvetage. Il flotte sur la mer, insubmersible de tout l’amour qu’elle porte à son père.

Puis Émilie devient grande. Et elle perd dans ses mains son don d’enfance pour gagner dans son coeur le droit d’aimer. Le tout, par la grâce créatrice d’un petit texte de Gilles Tibo qui, par ses précédentes parutions, a su gagner le coeur de beaucoup de jeunes lecteurs. Un texte charmant illustré par Marie Lafrance, qui utilise des couleurs d’antan et un graphisme volontairement suranné et gauche. Des dessins qui sont autant de marionnettes sorties de l’atelier d’un Gepetto qui aurait en cachette donné une petite soeur plus poétique à son Pinocchio… Mais tout aussi oedipienne, nous murmure le vieux Freud.

Émilie pleine de jouets
De Gilles Tibo, illustré par Marie Lafrance
Éd. Dominique et compagnie
2003, 30 p.