Jean-Jacques Pelletier : Les manipulateurs sont parmi nous
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Jean-Jacques Pelletier : Les manipulateurs sont parmi nous

Le premier constat qui s’impose à la lecture du Bien des autres, c’est que tout le monde devrait lire le roman de JEAN-JACQUES PELLETIER, ne serait-ce que pour mieux prendre la mesure de la réalité sociopolitique qui nous entoure.

Car Le Bien des autres a beau n’être qu’un roman au suspense foisonnant, son réalisme est tellement criant qu’on a presque l’impression que les personnages de ce troisième volet des Gestionnaires de l’apocalypse (série qui comprend La Chair disparue, 1998, et L’Argent du monde, 2001) sont parmi nous. En fait, à peu de chose près, il suffit d’ouvrir les journaux, la radio ou la télévision pour constater à quel point la fiction ne dépasse pas toujours la réalité.

Dans cet imposant thriller qui porte entre autres sur la manipulation, que ce soit à l’intérieur des sectes, en politique ou par le biais des médias, l’auteur dissèque minutieusement la société. D’ailleurs, ne serait-ce que sur le plan politique, les lecteurs ne pourront s’empêcher de reconnaître des faits et des événements proches de la réalité. N’en reste pas moins que Le Bien des autres ne vise personne en particulier. "Je suis toujours surpris par la capacité d’interprétation des gens, car je n’écris pas des romans à clés. Ce qui m’intéresse, c’est d’écrire sur tel type de logique de pouvoir qui se développe dans tel milieu. Voici le genre de raisonnement que ça implique, et voici le genre de conséquences que ça peut avoir. C’est d’ailleurs un avantage de l’écriture: plus on est structuré, plus on est préparé, plus on trouve des choses inattendues", croit l’auteur, qui enseigne la philosophie depuis plusieurs années au Cégep Lévis-Lauzon, en plus de siéger à plusieurs comités de retraite et de signer la chronique "La réalité, c’est pire" dans la revue sur le polar Alibis.

Même s’il n’est pas essentiel d’avoir lu La Chair disparue et L’Argent du monde pour comprendre Le Bien des autres, Jean-Jacques Pelletier croit que ne pas le faire équivaudrait à perdre une certaine dimension de l’histoire. "Le lecteur qui n’aura pas lu les précédents romans ne comprendra peut-être pas les agissements des personnages récurrents. Le problème, c’est que je ne tue pas assez de monde dans mes romans. J’attache trop le lecteur à mes personnages!" s’exclame l’auteur, qui se réjouit de l’adaptation à la télévision de L’Argent du monde. "Ça fait un an et demi que les droits pour le projet d’adaptation ont été accordés. Ce sont toujours des projets à long terme et qui, à chaque étape, peuvent s’arrêter. Quand je le verrai, je serai très content, mais d’ici là, j’attends. Cela dit, je pense qu’il y a de bonnes chances que ça se fasse puisque non seulement Luc Dionne scénarise, mais toute l’équipe qui a participé à Omertà , c’est-à-dire Pierre Houle à la réalisation et Francine Forest à la production, est assez remarquable. Je suis certain que leur projet sera intéressant", estime Jean-Jacques Pelletier. Nous de même…

Le Bien des autres – Les Gestionnaires de l’apocalypse, tome 3
De Jean-Jacques Pelletier
Éd. Alire
2003, 807 p.