Des Suzes de Brakchita : L’original épormyable
Mosaïque de montages sonores, de poésie, de théâtre, de musique et d’images, Des Suzes de Brakchita propose une lecture personnelle de l’œuvre de Gauvreau. Sans chercher à expliquer le mythe, le spectacle entend surtout piquer l’intérêt du spectateur en lui administrant un traitement-choc fidèle à l’esprit de l’auteur. Expérimental.
À l’intérieur d’une parenthèse autobiographique, s’ouvrant sur le début des Ouvres créatrices complètes de Claude Gauvreau et se refermant sur un extrait de son roman, Beauté baroque, Des Suzes de Brakchita abordent, à travers l’interprétation de textes et la diffusion de montages sonores, différents aspects de sa poésie (nordique, belliqueux, anticlérical…). Cela en alternance avec la présentation de la pièce La Jeune Fille et la Lune et accompagné de la musique de Sylvain Naud ainsi que des images d’Éric Proulx. "Il y a un an et demi, je faisais des montages sonores à partir d’extraits d’entrevues et de performances de Gauvreau, explique Thierry Bissonnette, alias Thierry Dimanche, concepteur sonore du spectacle. J’ai alors proposé aux productions Rhizome un hommage à l’auteur, mais d’une façon créative. On a imaginé un kaléidoscope pour refléter à la fois sa vie et les différents aspects de son esprit, de son style, de son écriture."
L’idée est ainsi d’explorer toutes les facettes d’un écrivain trop souvent réduit à son excentricité. "On veut, d’une part, rendre son côté déconstruit, très exubérant, mais aussi son côté émotif, fait remarquer Catherine Morency, conceptrice théâtrale. C’est ce qu’on a voulu amener avec La Jeune Fille et la Lune, qu’il a écrite alors que sa muse, Muriel Guilbault, venait de se suicider. C’est une pièce très troublée, très troublante, mais intime et touchante aussi." "Elle permet de mettre en scène la sensibilité de Gauvreau de façon plus linéaire que les poèmes qu’on a sélectionnés, qui sont vraiment du registre de l’abstraction et qu’il faut écouter comme des tableaux", poursuit le créateur.
On aura compris qu’il s’agit d’un spectacle exigeant. "Ce n’est pas un Musimax sur Gauvreau! Mais ça peut être considéré comme un documentaire surréaliste dans un style qui respecte son traitement de la réalité, observe-t-il. J’ai essayé d’inventer du langage à partir de son langage inventé, en lui restant assez fidèle, tout en ajoutant, comme lui, ma touche de violence et d’humour." Et on n’a aucun mal à croire qu’une poésie si sonore se prête tout à fait à ce jeu de D.J.
À noter que les productions Rhizome présentent également, les 27 et 28 février, La Puissance des lieux, un spectacle où sons et images s’emploient à recréer l’atmosphère glauque des univers littéraires de Luc Lecompte et André Roy.
Les 20 et 21 février à 20 h
À la Maison de la Culture et de l’Environnement de Salaberry
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