Le Bien des autres, tome 2 – Entrevue avec Jean-Jacques Pelletier : Jeux de coulisses
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Le Bien des autres, tome 2 – Entrevue avec Jean-Jacques Pelletier : Jeux de coulisses

L’encre du Bien des autres, tome 2 n’était pas tout à fait sèche quand notre collaboratrice Christine Fortier a rencontré JEAN-JACQUES PELLETIER, histoire de causer rouages politiques, logique du pouvoir et Apocalypse, mais aussi construction romanesque. Entretien à chaud.

Depuis le temps, on devrait s’y être habitué, mais ce n’est pas le cas. Jean-Jacques Pelletier n’est pas seulement un auteur prolifique, c’est un écrivain d’une formidable intelligence, qui fait dans la dentelle. Le Bien des autres, son plus récent thriller sociopolitique, compte 1458 pages. L’auteur n’a-t-il pas peur de submerger, voire d’effrayer le lecteur avec cette impressionnante masse d’information? "Je pense qu’aucun lecteur, ni même aucun écrivain, ne se rend compte de tout ce qu’il y a dans un roman. Puis ce n’est peut-être pas mauvais qu’un livre puisse se prêter à une relecture sans ennuyer. Par ailleurs, je pense qu’il n’est pas nécessaire de tout apprendre par cœur. Les faits et l’information qu’on trouve dans Le Bien des autres sont surtout là pour illustrer une logique de pouvoir. C’est ce qui permet au roman de faire son travail et c’est ce que le lecteur devrait retenir: comment fonctionnent certaines logiques de pouvoir et comment résonnent les gens qui les mettent en application", explique l’auteur qui enseigne toujours la philosophie au Cégep Lévis-Lauzon.

Du même souffle, il reconnaît qu’il n’est pas évident, lorsqu’on construit un univers romanesque de 1458 pages, de faire la démarcation entre trop et pas assez d’information. "Ce n’était peut-être pas nécessaire de savoir tous les détails sur la rationalisation de l’Église de la réconciliation universelle, ni de reprendre tout le discours sur la Loi des mesures de guerre, qui est en fait une reprise transformée du discours de Pierre Elliott Trudeau (d’octobre 1970). Au fil des années, je me suis rendu compte qu’on ne sait jamais ce qui va accrocher le lecteur. Après la publication de La Chair disparue (Alire, 1998), j’avais demandé aux gens ce qui leur semblait superflu et ils avaient tous donné des réponses différentes", se souvient Jean-Jacques Pelletier, très conscient qu’une fois écrit, un roman n’appartient plus seulement à l’auteur: "On fait un roman quand on le lit, aussi", croit-il.

La vérité si je mens
Contrairement à ce que les esprits mal tournés pourraient penser, le succès des Gestionnaires de l’Apocalypse n’explique pas la longueur des derniers romans de Jean-Jacques Pelletier. Le nombre grandissant d’adeptes est plutôt une conséquence du talent de celui qui a su mettre en scène un roman au réalisme inquiétant: "Toutes les vérifications, tous les ajustements à faire pour m’assurer de la vraisemblance, de la pertinence et des motivations de chaque personnage justifient en grande partie l’ampleur de la série", confirme l’auteur qui s’imaginait au départ boucler son intrigue à l’intérieur de quatre romans de 500 pages. "Il existe une espèce de rêve utopique chez les romanciers touchés de près ou de loin par une attitude réaliste, qui est de dire le réel, par définition inépuisable", ajoute-t-il. De là à dire que les plans des Américains – qui tentent de mettre la main sur les ressources naturelles du Québec dans Le Bien des autres – pourraient se concrétiser, il y a un grand pas, que l’écrivain ne veut pas franchir: "C’est difficile de prévoir ce que pourraient faire ou ne pas faire les politiciens américains, mais ça m’étonnerait qu’ils aillent jusque-là. Cela dit, il ne faut pas prendre tous les événements du Bien des autres au pied de la lettre, car ils ont été grossis pour mettre en évidence les mécanismes de la manipulation. À mon avis, pour éclairer la réalité, la fiction doit garder une distance. Le roman a pour but de construire un genre de simulacre qui pointe des faits, des comportements et des réalités politiques, dans le but de faire réfléchir", remarque l’écrivain qui, justement, a choisi de conclure l’avant-dernier épisode des Gestionnaires de l’Apocalypse par un revirement inattendu, qui éclaire un fait important: la réalité n’est pas toujours noire ou blanche. Pour ne pas dévoiler le punch, toutefois, on se contentera de dire que ça implique l’Institut et le Consortium…

À suivre dans La Faim de la terre, qui traitera cette fois de la manipulation des ressources naturelles de la planète.

Le Bien des autres, tome 2
de Jean-Jacques Pelletier
Éd. Alire
2004, 651 p.

Tambour battant, Jean-Jacques Pelletier poursuit sa série Les Gestionnaires de l’Apocalypse avec l’attendu second volume du volet Le Bien des autres. Celles et ceux qui trouvaient que la première brique manquait de souffle vers la fin seront soulagés d’apprendre que l’auteur revient en force dans la suite, qui constitue l’aboutissement logique de l’intrigue minutieusement mise en place dans les 807 précédentes pages. C’est donc avec plaisir que l’on retrouve "l’empesteur-chef Théberge", les agents Rondeau et Grondin et la journaliste Pascale Devereaux, qui trouve encore le moyen de mettre sa vie en danger. Devant la reprise des attentats, plus violents et menaçants depuis l’élection de l’Alliance progressiste-libérale et démocratique à Ottawa, l’Institut et Théberge s’activent fiévreusement pour mettre un terme à toute cette folie qui sème des dizaines de morts sur son passage. Captivant.