Metropolis bleu : Projection dans le bleu
Six ans à peine après sa création, le Festival Metropolis bleu est devenu un carrefour incontournable de la scène littéraire montréalaise. Coup d’œil sur une programmation merveilleusement hétérogène, placée sous le thème de la mémoire.
À travers le Festival international de la littérature, notre Salon du livre automnal et la kyrielle de festivals et activités littéraires dont grouille la Métropole, il fallait une bonne dose de foi – ou de belle naïveté – pour fonder une autre féria des mots. C’est pourtant ce qu’a fait Linda Leith en 1999, misant dès le départ sur un volet international conséquent et sur des noms qui résonnent fort. Pari à haut risque mais pari tenu: du 31 mars au 4 avril, le 6e Festival Metropolis bleu devrait cette année encore nous en faire voir de toutes les couleurs. À commencer par le bleu.
Bleu comme les vagues qui fouettent les côtes d’Haïti, dont on soulignera le 200e anniversaire de la révolution. À l’affiche: une série d’activités mettant en vedette des auteurs haïtiens ou de la diaspora haïtienne, dont Edwidge Danticat, Georges Castera, Georges Anglade et Stanley Péan.
Bleu comme d’autres vagues, plus frisquettes, celles qui grugent le littoral d’Irlande, dont la littérature sera célébrée cette année. À voir et entendre: Sinéad Morrissey, Malachi O’Doherty et le Prix Pulitzer 2003 Paul Muldoon.
Bleu comme l’océan qui emporte le protagoniste de Life of Pi et son tigre, dont l’auteur Yann Martel causera traduction en compagnie de ses parents, Nicole Perron-Martel et Émile Martel, qui ont eux-mêmes traduit le titanesque succès de fiston. Le 1er.
Bleu comme celui qui strie les poésies d’Élise Turcotte, D. Kimm, Ian Ferrier et Catherine Kidd, qui participeront à des rendez-vous poétiques et de spoken word, pendant qu’Hélène Dorion, récipiendaire de nombreux prix dont tout récemment le Anne-Hébert, sera saluée par d’autres poètes le 4.
Bleu enfin comme le ciel coiffant ce happening en forme de tour de Babel, dont la plupart des activités se dérouleront en français, en anglais et en espagnol, mais où l’on entendra paraît-il jusqu’à 13 langues différentes.
À noter: toutes les activités se dérouleront cette année à la même adresse, soit au 1255 de la rue Jeanne-Mance, à l’hôtel Hyatt Regency. Pour les détails de la programmation: (514) 937-BLEU ou www.blue-met-bleu.com.
Jean-Christophe Rufin
En publiant L’Abyssin, en 1997, Jean-Christophe Rufin s’installait illico parmi les stars de la littérature francophone. Récipiendaire du Goncourt du premier roman et du prix Méditerranée pour cette histoire d’apothicaire chargé par le Roi-Soleil d’établir un contact avec le puissant et mystérieux Négus d’Éthiopie, l’écrivain français n’a cessé depuis d’attirer les projecteurs, publiant entre autres Sauver Ispahan et surtout Rouge Brésil, qui lui a valu un Goncourt tout court en 2001. Il présente cette année Globalia, roman qui nous entraîne dans un tout autre registre, celui d’une fable visionnaire sur la mondialisation.
Aussi auteur de nombreux essais, dont L’Aventure humanitaire, Jean-Christophe Rufin est d’abord médecin. Engagé avec un E majuscule, il a été vice-président de Médecins sans frontières et est, depuis janvier 2003, président d’Action contre la faim. Celui qui ferait lui-même un beau personnage de roman nous convie à une soirée de lecture le 31, une table ronde sur l’écrivain engagé le 1er (à laquelle participeront aussi Monique Bosco, Gil Courtemanche, Boubacar Boris Diop, David Rieff et Naïm Kattan) et à une entrevue sur scène, le 3, en compagnie d’Aline Apostolska. (Tristan Malavoy-Racine)