L'Arrière-saison et Un garçon d'Italie de Philippe Besson : Légendes d'automne
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L’Arrière-saison et Un garçon d’Italie de Philippe Besson : Légendes d’automne

Son premier roman, En l’absence des hommes, lui a valu le Prix Emmanuel-Roblès et la reconnaissance, tandis que son second, Son frère, a été porté à l’écran par Patrice Chéreau. PHILIPPE BESSON, qui sera de passage au Salon du livre, nous offrait ensuite L’Arrière-saison (Grand prix RTL-Lire) et nous revient aujourd’hui avec Un garçon d’Italie. Deux histoires d’automne en forme de triangle amoureux, de part et d’autre de l’Atlantique.

Les deux derniers récits de Philippe Besson gravitent autour des thèmes de l’amour et de la trahison, non sans toutefois les explorer de manière bien distincte. Ainsi, à la douleur de la rupture passée évoquée dans L’Arrière-saison, il substitue celle d’un secret révélé après la mort dans Un garçon d’Italie. Plutôt qu’à des retrouvailles de tous les possibles, c’est donc au doute et à des adieux obligés que ses personnages se voient confrontés; plutôt qu’un face-à-face où chacun prend la mesure de l’autre, c’est alors l’isolement que l’auteur met en scène.

Si bien que, là où L’Arrière-saison, inspiré de la toile Les Rôdeurs de la nuit de Hooper, relate, à travers quelques heures passées dans un restaurant, la relation et la rupture d’un couple qui s’y retrouve pour la première fois en cinq ans, on assiste, dans Un garçon d’Italie, à une manière de requiem à trois voix, dont une est celle du mort – une narration singulière, voire à donner froid dans le dos, où un cadavre continue à éprouver des sensations, à réfléchir, à vivre, quoi. C’est ainsi qu’on suit le corps du désinvolte Luca, de sa découverte sur les rives de l’Arno à son retour à la poussière. Aussi, le cheminement de sa compagne Anna, depuis l’annonce de sa mort jusqu’à celle de sa trahison apparente. Et enfin, celui de son amant Leo, jeune prostitué de la gare, qui se rappelle leur relation passionnée, que personne ne peut comprendre… Trois êtres qui, à travers leurs monologues respectifs, se révèleront tour à tour et mutuellement.

Enfin, autant L’Arrière-saison, avec ses airs de pièce de théâtre en un acte, où chaque geste et parole feraient l’objet d’une analyse en aparté – un choix logique pour une héroïne dramaturge -, qu’Un garçon d’Italie, où les scènes se multiplient mais l’action demeure ténue; autant à la troisième qu’à la première personne, Besson approfondit le point de vue de chaque personnage, qui possède ainsi une individualité propre et atteint une justesse relevant d’un travail d’orfèvre. C’est donc à travers sa concision, sa sobriété, mais aussi son style auxquels redondances, appositions et énumérations confèrent un accent poétique, qu’il plonge dans l’intériorité de ses personnages et nous la fait partager par un florilège de petits détails. Une finesse, une subtilité dans l’analyse psychologique et une intensité sans artifices, qui font qu’on est touchés.

L’auteur sera au stand 165 jeudi et vendredi de 19 h à 20 h et samedi de 14 h à 15 h.

L’Arrière-saison
de Philippe Besson
Éd. Julliard
2002, 191 p.

Un garçon d’Italie
de Philippe Besson
Éd. Julliard
2003, 221 p.